Hier c’était la rentrée scolaire et à Toulouse elle a eu une saveur particulière pour les parents d’élèves. Le maire M. Moudenc a-t-il décidé de proposer des kits scolaires gratuits pour amortir la cherté de l’achat des fournitures scolaires comme cela a été fait dans d’autres grandes villes ? La réponse est non. Il a préféré lancer en grande pompe son nouveau dispositif : une amende pour les parents venant chercher leurs enfants en retard pouvant s’élever à 30 euros.
Voici une mesure dont on se serait bien passé, et qui va pénaliser particulièrement les parents en difficulté pour négocier les horaires avec leurs employeurs ou ayant des boulots avec des horaires contraints. Celles et ceux aussi qui n’ont pas de proches pouvant pallier et récupérer l’enfant à la sortie de l’école ou de la crèche. Ainsi la crèche Sainte-Lucie dans le quartier Saint-Cyprien qui avait l’atout de proposer un service continu permettait aux parents ayant des horaires atypiques comme les sapeurs-pompiers de pouvoir déposer leurs enfants à n’importe quelle heure. Cet atout vient d’être supprimé pour des raisons budgétaires par la municipalité .
Une autre raison du retard pour récupérer les enfants à l’heure réside dans les complications rencontrées à l’usage des réseaux de transports toulousains. Ces derniers sont aujourd’hui imparfaits dans l’agglomération: les prix n’ont cessé d’augmenter, l’agence de transport est surendettée, les toulousain·e·s passent en moyenne 6 jours par an dans les bouchons… Nous payons cash le manque d’anticipation de M. Moudenc qui pendant longtemps a préféré envisager une seconde rocade automobile plutôt que le développement d’un RER toulousain appelé de leurs vœux par des associations et maires de petites communes.
Faire payer aux parents les retards qu’ils auraient en raison d’un monde du travail de plus en plus contraint et de leur manque d’accès à des réseaux de transports sur lesquels M. Moudenc et son ami Macron portent une grande part de responsabilité, voici une conception de la société qui illustre un positionnement politique à droite toute, et tant pis si le manque d’accès aux réseaux touche d’abord les classes populaires.
Car c’est bien à cette question que renvoie la punition infligée aux parents par M. Moudenc : l’accès ou non au réseau, ici de transport. Là se matérialise une inégalité créant déjà de la conflictualité au vu des retours de parents d’élèves, ce qui valide la théorie des réseaux structurant nos villes comme l’évoque Jean-Luc Mélenchon dans son livre « Faites mieux ! Vers la Révolution citoyenne ».
Les réseaux sont en effet présents partout dans nos vies et dans nos villes : réseau de transport, internet, électricité, eau, chauffage. Mais aussi des secteurs tels que la Santé et l’Éducation qui, si l’on s’y penche, fonctionnent eux aussi en réseau. L’accès à ces réseaux, et la question de savoir à qui ils appartiennent conditionnent nos vies et nos conditions sociales. Ils sont les points les plus sensibles pouvant créer de la conflictualité dans la ville et révéler aussi les inégalités existantes dans le nouveau fait urbain.
La question de l’accès au réseau est donc primordiale pour ébaucher une pensée municipale émancipatrice et oblige à interroger : à qui appartiennent les réseaux ? Aux accapareurs ou à la collectivité ?
La réponse se trouve en partie dans l’autre punition subie par les habitant·e·s de Toulouse et de l’agglomération cet été avec l’augmentation de la tarification saisonnière de l’eau de +42% suite à la volonté de M. Moudenc de compenser les pertes d’exploitation de Véolia. Confiée à une multinationale en prétendant que nous aurions l’eau la moins chère de France… nous voici à payer plus cher sans avoir le contrôle sur la ressource en eau qui, nous le savons, va être d’autant plus stratégique avec les vagues de chaleur qui nous attendent dans les prochaines années. Il faudra, au terme du contrat de DSP, réparer ce qui a été cassé par Moudenc et mettre l’eau en régie publique. Un sujet que nous évoquerons avec notre collègue Gabriel Amard qui assurera une réunion publique sur la gestion de l’eau le 19 septembre prochain.
Réparer ce que cassent Macron et M. Moudenc : un vaste programme car pour le moment quand ils cassent, ils ne réparent ni ne nettoient mais punissent. Si M. Moudenc punit ainsi les parents et les habitant·e·s c’est qu’il est devenu impuissant à réguler les réseaux par manque d’anticipation, idéologie et laxisme face aux accapareurs.
Reprendre la main sur les réseaux c’est permettre de les rendre accessibles au plus grand nombre et c’est un des chemins que nous devons explorer en vue de la prise du Capitole en 2026.