Nous étions hier auprès des habitants.e.s de la résidence des Ferrets aux Pradettes, Grand-Mirail. Je les ai rencontré il y a 7 ans lorsque j’étais militant pour le droit au logement, car ils subissaient la précarité énergétique l’hiver. Leur mobilisation avait permis quelques améliorations de la part du bailleur Toulouse Métropole Habitat, mais les aménagements sont insuffisants face aux vagues de chaleur que nous connaissons. Leurs logements sont de véritables bouilloires thermiques.
Pour rappel en 2022, 59 % des Français et des Françaises souffraient de la chaleur dans leur logement soit 40 millions de personnes. Selon le dernier rapport annuel du Haut Conseil pour le climat, l’Hexagone est particulièrement exposé aux conséquences du réchauffement planétaire. La hausse du thermomètre a atteint + 1,9 °C sur la dernière décennie en France, contre près de 1,2 °C dans le monde…
A Toulouse nous sommes particulièrement touchés puisque selon l’Insee les projections de 2021 à 2050, 55% de la population vivra dans une zone à risque, en Occitanie, soit 3,2 millions de personnes. Toujours selon l’Insee, les personnes les plus exposées seront les enfants, nos anciens ainsi que les plus pauvres.
Un récent article de Mediapart montre d’ailleurs comment les plus précaires sont exclus des espaces verts et des îlots de fraîcheur. Le cas des Pradettes est signifiant puisqu’alors que les habitant.e.s avaient plébiscité la création d’une ferme urbaine et de jardins sur la friche de Bordeblanche, M. Moudenc a préféré s’adonner à sa passion préférée : bétonner avec un nouveau programme immobilier ne répondant pas aux besoins du quartier, et donc renforcer l’effet îlot de chaleur dans le dû à la concentration des bâtiments et à l’imperméabilisation des surfaces .
Pourtant un îlot de fraîcheur n’aurait pas été de trop pour les habitants des Ferrets qui témoignent de températures dépassant les 30 degrés et pouvant atteindre jusque 38 degrés dans leurs appartements malgré la climatisation de fortune qu’ils ont installé.
Ils subissent la chaleur emmagasinée en ville en journée et restituée tout au long de la nuit. De manière générale les habitant·es des banlieues populaires comme au Mirail sont surexposé·es aux températures extrêmes, et sont assigné·es dans des espaces urbains minéralisés. Ces fortes chaleurs ont des impacts sur le sommeil et la santé d’habitant.e.s qui n’ont pas forcément les moyens de partir en vacances et qui doivent se lever tôt pour aller au travail.
A contrario les quartiers les plus végétalisés et les plus frais étant eux accaparés par les habitant·es riches de ces villes, qui de fait subissent le moins les chaleurs caniculaires.
Un maire qui bétonne et n’a toujours pas ouvert le livre » l’Ecologie pour les Nuls » que nous lui avions offert en Conseil Municipal, un gouvernement qui propose des numéros verts quand les dômes de chaleur s’étendent sur le pays. Le Haut conseil pour le climat a jugé dans son dernier rapport annuel que le pays n’est « pas prêt » à faire face au dérèglement climatique qui s’aggrave. En effet, d’ici à 2050, les vagues de chaleur devraient être deux fois plus nombreuses que sur la période 1976-2005, et elles seront plus étalées dans le temps.
Des solutions existent pourtant, mais elles demandent de la volonté politique. En février, une vaste étude scientifique internationale estimait encore qu’adapter nos villes aux canicules en les recouvrant à 30 % d’arbres pourrait réduire les décès liés à la chaleur de près de 40 %. Changer de cap donc, sortir du greenwashing qui couvre l’arrachage d’arbres anciens par des annonces de plantations nouvelles alors que l’on sait que plus un arbre est vieux, plus il capture du dioxyde de carbone dans l’atmosphère pour continuer à croître. Cesser de démolir des bâtiments viables pour reconstruire plus loin alors que le coût carbone des démolitions/reconstructions est lourd et participe à l’étalement urbain et donc l’artificialisation des sols.
Lancer enfin un plan de rénovation thermique et phonique des logements en France comme nous l’ont proposé mes collègues Gabriel Amard et Jean-François Coulomme nous avons proposé une PPL en ce sens qui vise à financer 100 % des travaux permettant de diminuer la consommation d’énergie des bâtiments.
Parmi ces propositions :
Instaurer l’obligation de rénovation thermique des bâtiments, via les dispositifs d’installation de systèmes de chauffage solaire thermique et les obligations faites aux propriétaires bailleurs.
Instaurer les conditions de la prise en charge des travaux par le biais du Fonds pour la diminution de la consommation d’énergie des bâtiments, dont la loi prévoit la création.
Fixer les obligations de procéder aux travaux d’isolation d’un bien au travers d’un diagnostic de performance énergétique établi.
En attendant que des solutions nationales et locales soient enfin prises, avec mon équipe nous allons interpeller Toulouse Métropole Habitat afin que les habitants soient reçus et entendus face aux multiples problèmes qu’ils rencontrent.