François Piquemal

De Bayrou à Moudenc : quand l’incohérence budgétaire masque la casse de nos services publics

Si les relations entre la capitale et nos territoires ne sont pas toujours cordiales, il est bon de rappeler le partage réel des responsabilités quant à l’austérité à venir. La politique macroniste du « toujours moins » a trouvé un excellent relai local pour l’application de ses dogmes inégalitaires : le soldat Moudenc fait même preuve de zèle.

En novembre dernier, l’éphémère Premier ministre Michel Barnier concoctait un Plan de Loi de Finances particulièrement rude pour les collectivités, prévoyant 5 milliards d’économies sur le dos des échelons les plus proches du citoyen : municipalités, départements, régions… La justification présentée était alors la réduction du déficit et le remboursement à terme de la dette, sur le dos des plus fragiles et de ceux qui font déjà tant avec si peu.

Le lien entre la politique nationale et l’administration locale s’est donc retrouvé entaché par un pacte de méfiance. L’État semble cultiver une rancœur face aux collectivités, cherchant systématiquement à les rendre moins autonomes et plus dépendantes de son bon vouloir.

Alors que les collectivités tentent habituellement de protéger la population de ce type de lubies budgétaires élaborées à Paris, certains se sont empressés de reproduire ce mouvement et d’accompagner avec entrain cette saignée des services publics.

Voyant la ponction financière provoquée par un éminent représentant de son propre camp politique qu’il a récemment soutenu, Jean-Luc Moudenc a doctement appliqué la même politique à Toulouse. Anticipant une baisse de dotation de 25 millions d’euros, il s’est empressé d’aller les chercher là où ils sont le plus nécessaires pour notre ville : le budget municipal pour Toulouse prévoit de drastiques coupes dans les subventions, menaçant l’activité de bon nombre de structures et d’associations notamment dans la culture, gèle les embauches à la mairie et dégrade les dotations aux musées. Et tout cela alors même que les subventions sont créatrices de richesse en elles-mêmes.

Un budget municipal d’une telle austérité ne fait aucun sens, y compris dans le contexte de son élaboration.

Mais une chose a changé depuis : le gouvernement de Michel Barnier n’a pas tenu.

Le Premier ministre a souhaité outrepasser le Parlement en l’empêchant de voter son budget indésiré, et s’est vu opposer une motion de censure. Le marché posé par M. Barnier dans son usage du 49.3 était le suivant : « Voici mon projet, il nécessite le vote de ce budget pour être appliqué. Si je ne dispose pas de ce budget, ma présence au gouvernement n’a plus de sens : je pose donc ma démission dans la balance en cas de rejet ».

Dont acte.

La représentation nationale a évalué ce budget comme inadéquat pour répondre aux besoins des Français et l’a rejeté, provoquant la démission du Premier ministre.

Un nouveau budget a donc été élaboré par le Premier ministre suivant, François Bayrou. Si celui-ci est semblablement inadapté, il n’opère cependant plus les mêmes coupes budgétaires qui pourraient se répercuter à Toulouse : suite à la modification et à l’abrogation de diverses mesures, seuls 5 millions d’euros seront ponctionnés à la ville, soit 0,7% du budget de fonctionnement de Toulouse.

Pourtant, le budget municipal, lui, ne change pas. Alors même que le Parlement exprime le rejet des citoyens de ce budget inégalitaire et insatisfaisant, Jean-Luc Moudenc persiste à en suivre les préceptes et à vouloir amputer 25 millions d’euros à Toulouse pour compenser une perte de 5 millions… Absurde budgétairement mais cohérent dans sa casse des services publics locaux.

Comment justifier que la ville garde un budget qui ne reflète plus la réalité à laquelle il devait répondre ?

C’est la question qu’a posé le groupe d’opposition Alternative Municipaliste Citoyenne, prêt à travailler dès à présent sur un nouveau budget, en demandant un conseil municipal extraordinaire qui permettrait de rétablir les comptes de la ville correctement.

Malheureusement, la droite au pouvoir à travers le groupe « Aimer Toulouse » n’a répondu que par des attaques, ne réfutant jamais les chiffres présentés ici-même. Cette insincérité budgétaire, typique de l’absence de transparence autour des comptes de la ville, se traduira par des conséquences importantes sur la qualité des services offerts aux Toulousaines et Toulousains.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que M. Moudenc trompe les habitants de la métropole sur l’évaluation des budgets. La troisième ligne de métro, dite « ligne C », coûtera finalement 1,5 milliards d’euros de plus qu’initialement annoncé.

Le maire chercherait-il à maintenir ses coupes afin d’anticiper, non pas les ponctions conjoncturelles effectuées par le gouvernement, mais bien les conséquences structurelles de sa propre gestion calamiteuse des finances de la ville ?

Il est temps de remettre du sérieux et de l’ordre dans tout ça, nous y travaillons pour 2026.

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