François Piquemal

Avant Mélenchon à Matignon, pas une voix à Marine Le Pen

Le 21 avril 2002, j’avais 17 ans lorsque sur l’écran télévisé sont apparues les têtes de Jean-Marie Le Pen et de Jacques Chirac.

Je ne sais pas vous, mais je me souviens de la sidération ambiante qui traversait alors toutes les générations. Les jours suivants, il faisait beau en France pour un mois d’avril, des manifestations partout, des concerts de mobilisation, une indignation drapée dans ses plus beaux atours, on entendait « plus jamais ça », « il faut faire barrage ». Déjà se dégageait néanmoins la problématique du « vote utile », qui sera ensuite resservi à toutes les sauces par le Parti Socialiste pendant une bonne décennie, lui permettant de ne pas prendre l’eau plus tôt, l’usant jusqu’à la corde.

20 ans plus tard, nous voici face à un nouveau second tour Macron-Le Pen, Marine cette fois, la rentière. Une nouvelle fois se désespérer de devoir faire un choix qui vous coupe le souffle. D’autant plus dur à accepter que, comme il y a 5 ans, une candidature émancipatrice de rupture incarnée par Jean-Luc Mélenchon, aurait pu être présente au Second Tour, oxygéner le débat public, et disons le : l’emporter. 

Nous revoilà au point de départ, avec les mêmes appels au « barrage », mais cette fois avec beaucoup moins de vitalité, d’entrain, de conviction qu’il y a 5 ans, et encore moins qu’il y a 20 ans. L’extrême droite a gagné du terrain sur le chemin des idées et s’est banalisée. Comme dirait le rappeur Seth Gecko : “on ne combat pas le racisme avec un stylo quatre couleurs” et les leçons de morale ont montré qu’elles étaient limitées quand la transformation nécessaire de justice sociale n’a été accomplie par aucun gouvernement de “gauche” lors des deux dernières décennies.

Le “barrage” est dès lors d’autant plus dur à entendre de la part de ceux qui, dans des petites logiques politiciennes d’appareils, n’ont pas su prendre leurs responsabilités dès le premier tour, pour que l’Histoire ne se répète pas comme il y a 5 ans. De ceux qui ont joué avec le feu pour mieux asseoir leur pseudo-légitimité de rempart à l’extrême droite en reprenant ses mots sans soigner les maux à coup de Manuel Valls. Des mots tellement vallsisés que reprendre les thèmes de la bête, accuser de «communautarisme » quiconque prenant la défense d’une minorité stigmatisée, est devenu un crédo politique pour certains se disant de “gauche”.

Alors voilà, le dilemme se pose à nouveau : que faire ? Rappelons que tout notre combat s’est construit face à l’obscurantisme et la barbarie qu’a contribué à faire régner l’extrême droite dans notre pays. Marine Le Pen en est ici la fleur, certes un peu aseptisée dans ses pétales mais pas moins venimeuse en ce qui concerne sa pédoncule. Notre combat est celui contre le racisme et sous toutes ses formes, l’extrême droite étant spécialiste pour passer de l’un à l’autre au gré de l’époque, que ce soit l’anti-sémitisme ou aujourd’hui de manière plus accrue l’islamophobie.

Dans les moments de doute, il est bon de se rappeler, comme le dit Tyrion Lannister dans Game Of Thrones, que “les vieilles histoires sont comme les vieux amis, il faut savoir leur rendre visite de temps en temps”. Je ne peux que conseiller de rendre visite dans les circonstances actuelles à une amie de lecture de longue date, Annie Ernaux, à travers l’entretien qu’elle a donné à l’Express qui explique que M. Macron et Mme Le Pen sont deux dangers pour notre pays, mais pas de même nature. 

Ce qu’a très bien spécifié Mathilde Panot: “En plus de la maltraitance sociale, elle (Marine Le Pen) ajouterait une haine raciste et antimusulmane.”. Car oui, le programme de Marine Le Pen, c’est aussi de la maltraitance sociale dans la lignée de Macron comme le montre bien l’ami François Ruffin dans une récente vidéo .

A l’heure du choix, je pense forcément à mes élèves qui ne portent pas les prénoms dont rêve M. Zemmour et qui risquent de pâtir fortement dans leur vie des choix politiques racistes décomplexés que prendrait une Marine Le Pen. Egalement aux habitant.e.s des quartiers populaires dont celui du Mirail, déjà fortement discriminé.e.s qui vont l’être encore davantage et privé.e.s de ressources publiques. Rappelons qu’une des mesures prévues par Marine Le Pen est l’expulsion de 600 000 personnes de leur HLM sous prétexte de leur “nationalité étrangère”.

Surtout je pense à notre Histoire, celle qui nous appris que notre pays s’était avili lorsqu’il s’est laissé prendre pour partie dans les bras de l’extrême droite durant la Seconde Guerre Mondiale, celle des réfugié.e.s espagnols de la Retirada fuyant le régime d’extrême droite franquiste. Celle qui nous rappelle que dans l’obscurité la plus vive certaines et certains étaient là pour allumer l’étincelle de la Résistance, songeons notamment à Angèle Bettini Del Rio ou encore Conchita Ramos.

Une fois ces bases rappelées, redisons le: pas une voix à l’extrême droite de Marine Le Pen. Une autre issue de court terme au Macronisme existe que le rance du camp d’extrême droite: envoyer Jean-Luc Mélenchon à Matignon pour permettre une autre politique que celle de la haine de race et celle de la haine de classe.

Pour cela nous avons une occasion à ne pas manquer les 12 et 19 juin prochains avec le Troisième Tour de cette séquence politique: les élections législatives. A Toulouse, où Jean-Luc Mélenchon a obtenu 37 % des suffrages au Premier Tour, ce serait une anomalie que, comme il y a 5 ans, aucun député de l’Union Populaire ne soit envoyé à l’Assemblée aux profits des seuls députés Macron.

Ces derniers ont montré d’ailleurs un bien piètre visage, entre ceux totalement absents, ceux se recyclant dans le lobbying agro-alimentaire, ceux pris dans les affaires qui alimentent le ressentiment sur lequel se bâtit aussi le vote d’extrême droite…

Les toulousaines et toulousains doivent pouvoir être représentés dans leur diversité politique, eux qui subissent déjà localement les décisions anti-écolo et anti-sociales d’un maire pro-Macron.

Ne nous mentons pas, l’ascension va être difficile, le sommet dur à atteindre, mais qui aurait cru il y a de cela même pas un mois que nous ferions 22% des suffrages et serions à un fil du Second Tour.  Une dynamique est née, une montagne est passée, une autre apparaît dans l’horizon, mais avant cela il nous faut passer la brume qui dissimule encore son sommet, pour cela le chemin commence par être solides sur nos appuis: pas une voix pour l’extrême droite de Marine Le Pen.

L’amour des siens ce n’est pas la haine des autres

Tout le monde se souvient où il était le 13 novembre 2015, le jour des tueries du Bataclan à Paris. On a tous appelé des proches présent.e.s dans la capitale, nous nous sommes inquiété.e.s légitimement pour eux. On connaît à minima quelqu’un qui connaît quelqu’un qui connaît un proche tué ou blessé. Au Droit Au Logement (DAL), c’est Matthieu Giroud, géographe proche de l’association, qui y a perdu la vie. Sa compagne, Aurélie Silvestre, a écrit un très beau livre sur l’après, Nos 14 novembre

Ce sentiment de temps qui reste suspendu à l’indécision de l’horreur, nous l’avons vécu à Toulouse trois ans plus tôt, lors d’une longue semaine achevée dans l’horreur le 19 mars 2012. Mohamed Merah faisait alors irruption dans l’école juive Ozar Hatorah où il a assassiné, en poussant l’indécence jusqu’à se filmer, Jonathan Sandler, 30 ans, ses deux fils Arié, 6 ans et Gabriel 3 ans, puis la fille du directeur de l’école, Myriam Monsonego 8 ans, avant de blesser grièvement Aaron Bijaoui 15 ans, qui sera hospitalisé jusqu’au 12 avril suivant.

Jonathan, Arié, Gabriel, Myriam, Aaron. Des noms qui viennent s’ajouter à ceux d’Imad Ibn Ziaten 31 ans, Abel Chennouf 26 ans, Mohamed Legouad 24 ans et Loïc Liber 28 ans.

Chacun se souvient de l’ambiance qui régnait depuis le 13 mars autour de celui qu’on appelait alors « le tueur au scooter », et où il était quand il a appris la tuerie du 19 mars.  Pour ma part c’était dans la salle des profs du Lycée Stéphane Hessel de Jolimont, situé à 20 minutes à pied de l’école Ozar Hatorah, où j’étais alors enseignant stagiaire.

Ces tueries, dont personne n’avait compris au début qu’elles avaient débutées le 11 mars par l’assassinat à Toulouse d’Imad Ibn Ziaten, militaire d’origine marocaine, sont alors présentées médiatiquement comme un “obscur règlement de compte”. 

Cependant, lorsque survient l’assaut de Merah à Montauban conduisant à la mort des militaires Abel Chennouf et Mohamed Legouad, tous deux d’origine algérienne, et rendant Loïc Liber tétraplégique, un lien est fait entre les deux événements ciblant  des victimes exerçant la même profession.

En ville les discussions vont alors bon train. Chacun a sa théorie sur “le tueur au scooter” : déséquilibré, membre de l’extrême droite, la piste d’un terroriste islamiste n’est pas la plus avancée. Seuls quelques agents du renseignement territorial, peu écoutés et malmenés par les politiques de l’époque, songent sérieusement à cette possibilité. Une hypothèse avérée, lorsqu’après la troisième vague de tueries guidée par un antisémitisme crasse, l’étau se resserrera progressivement autour d’un membre identifié comme appartenant à la mouvance salafiste toulousaine : Mohamed Merah. 

Mohammed Merah? Tout sauf un « loup solitaire » comme décrit par certains à l’époque à des fins politiciennes, ainsi que le montre l’historien Jack Thomas dans son récent livre.


Les tueries de Mohammed Merah sont des attentats djihadistes, les premiers d’une longue série mortifère, qui passeront par ceux de « Charlie », où la ville rose a perdu Bernard Maris, à ceux du Bataclan, de Nice, l’assassinat de Samuel Paty et d’autres encore.

Mohamed Merah a choisi ses victimes parce que militaires représentants l’État Français, vu par lui comme des traîtres aux origines qu’il leur prêtait. Mohamed Merah a choisi ses victimes parce que juives, guidé par son anti-sémitisme abject, rappelant tant de souvenirs douloureux pour les personnes de confession juive qui ont eu tellement à souffrir dans l’Histoire de notre pays et de notre ville.

J’ai terminé mon stage au lycée Stéphane Hessel à la fin du mois mars 2012. J’ai eu mon concours de Professeur de Lettres Histoire-Géographie début juillet. Je suis parti en septembre dans le cadre d’un report de stage à Bamako pour le Droit Au Logement avec le réseau No-Vox. Il était question que j’aide pendant six mois à la mise en place d’un Forum des Mouvements Sociaux Ouest Africains. La guerre a éclaté. Au nord, les groupes djihadistes Ansar Dine, Aqmi, Mujao prenaient les villes une à une : Gao, Kidal, Tombouctou…

Il était devenu inconcevable dans ces circonstances de mettre en place ce Forum. Je suis donc resté à Bamako, quartier Niamakoro Sebougouni, dans les locaux de l’Union, grande association qui s’occupait aussi bien des « déguerpissements », des expropriations de terre, des aides domestiques. J’ai un peu aidé et surtout beaucoup appris. Notamment que dans les premières victimes de l’idéologie fondamentaliste, il y a toujours ceux jugés trop modérés : 80 % des victimes du djihadisme terroriste sont des musulmans. 

Je me remémore en écrivant ces lignes, d’une journée de décembre à Ségou, une fin d’après midi qui donne des reflets roses au fleuve Niger, où un vieil homme nous racontait son fils assassiné. C’était le père d’un des soldats maliens faits prisonniers puis exécutés par les jihadistes à Anguel’Hoc. Ces paroles ressemblaient à celles des parents des victimes de Merah, comme Latifa Ibn Ziaten ou Albert Chennouf-Meyer quelques mois auparavant. Des paroles qui cherchent à comprendre, des mots qui ne veulent pas se résigner, car c’est leur manière de faire leur deuil aussi bien en France qu’au Mali. 
En France, au Mali, en Syrie, en Afghanistan, ces morts au-delà des frontières sont nos morts à toutes et tous, notre histoire commune face à l’horreur.

Lorsque je suis rentré début 2013 à Toulouse, l’armée française venait d’arriver au Mali, elle allait y rester une décennie dans un conflit inextricable et y perdre 58 militaires. Comme un signe alors que l’armée a reçu l’ordre de se désengager du Mali, nous avons commencé ce 11 mars à commémorer les dix ans des attentats qui ont touché notre ville et notre pays. Une décennie d’attentats sur tous les continents ponctuée par des morts en France et dans de nombreux autres pays. Des morts de toutes origines dont il est de notre devoir d’honorer la mémoire, pour ne pas les oublier, et inlassablement comprendre les ressorts de la haine qui amènent des idéologies qui, sous prétexte de religion ou de politique, répandent la mort. 

C’est pourquoi, avec notre groupe d’élu.e.s nous proposerons un vœu au prochain Conseil Municipal de Toulouse afin de participer à ce travail de mémoire qui sans cesse doit nous rappeler que l’amour des siens, ce n’est pas la haine des autres.

Droits des femmes : du nom des rues aux droits réels.

« La plus ancienne et cruelle inégalité remonte à l’aube de l’humanité quand notre espèce a développé des croyances concernant le rôle des femmes et des hommes. Le plus souvent ce partage s’est fait au détriment des femmes. » Ainsi commence le chapitre sur l’égalité entre les femmes et les hommes du programme l’Avenir en commun de Jean-Luc Mélenchon. Cette semaine est sous le signe des droits des femmes.

Après la succès de la projection du film de Gilles Perret et François Ruffin Debout les Femmes à la Maison de Quartier de Bagatelle, le 8 mars aura lieu une forte mobilisation des mouvements féministes. La semaine se clôturera par la venue de trois députées insoumises Clémentine Autain, Sabine Rubin et Bénédicte Taurine pour le meeting du 11 mars à 19h30 salle Rancy.

Elles présenteront des mesures de notre programme l’Avenir en commun comme l’adoption d’une loi de lutte contre le sexisme et les violences faites aux femmes, avec, comme demandé par les associations, une allocation d’un fonds d’urgence d’un milliard d’euros, notamment en faveur de la formation et le développement de places d’hébergement. 

Cette mesure plébiscitée largement par les français selon une étude d’Harris Interactive en juillet 2021, tout comme celle instaurant des sanctions financières et pénales à l’encontre des entreprises qui ne respectent pas l’égalité salariale femmes/hommes ou celle annonçant la mise en œuvre d’un plan de lutte contre le harcèlement sexiste et les agressions sexuelles dans les transports collectifs. Jean-Luc Mélenchon est revenu sur ces sujets à l’occasion d’un entretien au magazine Elle que je vous recommande de lire1.

Des mesures indispensables qui nous encouragent à œuvrer pour qu’un autre monde soit possible. 

Cette séquence est l’occasion pour moi de revenir sur le travail que nous avons entamé avec ma collègue Hélène Magdo au nom des autres élu.e.s de l’opposition sur les noms de rues. En effet nous siégeons tous deux à la Commission Dénominations de voies publiques (et oui ça existe !). Notre premier constat a été de découvrir qu’à Toulouse, comme sûrement dans de nombreuses autres villes, moins de 5 % des rues portent le nom d’une femme2.

Nous nous sommes alors fixés une règle : proposer au moins 3/4 de noms féminins parmi les noms que nous soumettons à chaque commission qui se réunit environ tous les 3 mois. 
Une position qui nous oblige à un travail de recherche et de recueil permanent, tant les femmes ont été les oubliées de la plupart de nos livres d’Histoire. Il faut saluer ici le travail salutaire de l’historienne Elerika Leroy sur la Résistance Toulousaine, entre autre sur celles qui firent figure de « petites mains » furent ô combien précieuses. 

Depuis notre arrivée au Conseil municipal, voici les noms qui ont été validés à la  Commission présidée par M. Jean-Michel Lattes dont il convient de saluer jusqu’ici l’ouverture d’esprit et la curiosité.


Angele Bettini Del Rio ( Résistante toulousaine d’origine espagnole)
Les Chemisières ( Groupe d’ouvrières toulousaines qui participèrent au lancement de l’industrie aéronautique à Toulouse)
Antoinette Duclaire (Journaliste haïtienne assassinée)
Mariella Franco ( Sociologue, militante LGBT et des droits humains assassinée au Brésil)
Cathy Granier (Enseignante toulousaine et militante pour les droits humains)
Clarissa Jean-Philippe (Policière assassinée par le terroriste Amedy Coulibaly)
Marta Lidia Ugarte Roman (Enseignante chilienne assassinée pendant la dictature de Pinochet)
Wangari Maathai ( Biologiste, militante écologiste kenyanne).
Clara Malraux ( Ecrivaine et Résistante à Toulouse)
Jeannine Messerli-Morice ( Décoratrice et Résistante toulousaine)
Anne Sylvestre (Chanteuse connue pour son engagement notamment vis à vis de la jeunesse)
Agathe Uwilingiyimana (Première ministre du Rwanda assassinée par les génocidaires Hutus)

Ce 7 mars, comme un symbole, une nouvelle commission Dénomination de Voies publiques aura lieu. Avec ma collègue, nous proposerons, comme à notre habitude, quatre noms de femmes, forcément ici en lien avec l’actualité brûlante de la guerre en Ukraine. Une manière de rendre hommage à celles qui, dans un passé plus lointain ou récent, tinrent tête à l’impérialisme qu’il ait des relents nazi, autocratique comme celui de Vladimir Poutine ou islamiste comme celui de Daesh que combattirent en première ligne les kurdes avant d’être lâchées par les puissances occidentales.

Voici quatre noms, quatre histoires à retenir, qui font partie de notre grande Histoire :

Lioudmila Pavlitchenko ( 12/07/1916-10/10/1974)
Née à Bila Tserkva (région de Kyiv) le 12/07/1916 – 10/10/1974 à Moscou
Lioudmila Pavlitchenko s’installe à Kyiv avec sa famille à l’âge de 14 ans. Elle s’inscrit dans un club de tir et devient une tireuse d’élite, tout en travaillant comme ouvrière à l’usine Arsenal de Kyiv. 
En juin 1941 alors qu’elle étudie l’histoire à l’Université de Kyiv, l’Allemagne nazie commence à envahir le territoire soviétique, elle est parmi les premières volontaires à se présenter au bureau de recrutement. Elle est affectée à la 25e Division d’infanterie de l’Armée Rouge.
Elle y devient l’une des 2 000 femmes tireuses d’élite de l’Armée rouge.
Pavlitchenko combat pendant deux mois et demi près d’Odessa, elle est considérée comme une des meilleures tireuses d’élite de la Seconde Guerre Mondiale. En juin 1942  Pavlitchenko est blessée par un tir de mortier. En raison de sa célébrité croissante, elle est retirée du front moins d’un mois après son rétablissement. 
En septembre 1942 elle est envoyée au Canada et aux Etats-Unis et est reçue à la Maison-Blanche par le président Rossevelt  devenant la première citoyenne soviétique à être reçue par un président des Etats-Unis.
Après la guerre, elle achève ses études à l’Université de Kiev et commence une carrière d’historienne. Elle s’occupe ensuite activement du Comité soviétique des vétérans de guerre. 

Amina Oukouïeva (5/06/1983 – 30/10/2017)
Amina Okouïeva est un des visages symboliques aussi bien de l’Euromaïdan (manifestations pro-européennes en Ukraine entre novembre 2013 et février 2014), auquel elle a participé, que des combats contre les séparatistes et les forces russes dans le Donbass. 
Elle est née le 5 juin 1983 à Odessa. Par la suite, elle a vécu à Moscou et Grozny, avant de rentrer dans sa ville natale pendant la seconde guerre de Tchétchénie. Elle est devenue chirurgienne après des études à la faculté de médecine d’Odessa. Avec son époux Adam, lui-même réfugié en Ukraine pour fuir les services spéciaux russes et les agents de Kadyrov, elle milite en faveur de la libération de l’Itchkérie (nom donné à la Tchétchénie par les indépendantistes tchétchènes) et prend une part active à la vie de la diaspora tchétchène .
Elle a été tuée dans une embuscade le 30 octobre 2017, en banlieue de Kiev.


Anastasia Babourova (30/11/1983-19/01/2009)

Née le 30 novembre 1983 à Sebastopol et morte assassinée le 19 janvier 2009 à Moscou, Anastasia Babourova est une journaliste ukrainienne qui a travaillé pour le journal russe Novaïa Gazeta. 
Elle a mené en tant que membre d’Autonomous Action (un groupe anarchiste russe) des investigations sur les groupes néo-nazis et leur montée en puissance. Elle milite également au sein d’une association écologiste.  Le 19 janvier 2009, elle reçoit un coup de feu à la tête en même temps que l’avocat défenseur des droits de l’homme Stanislav Markelov. Amenée à l’hôpital, elle y décède quelques heures plus tard, devenant ainsi la quatrième journaliste de Novaïa Gazeta à être assassinée depuis 2000. L’ultranationaliste russe, Nikita Tikhonov, 31 ans, a été condamné à la peine maximale requise par le procureur pour le double meurtre. 


Barin Kobané ( 1995- 2/02/2018)

Barîn Kobanê, de son vrai nom Amina Omar, âgée de 23 ans, est une combattante kurde des YPJ, Unité de protection de la femme, organisation militaire composée exclusivement de femmes et faisant partie des YPG, Unités de protection des peuples . Elle est également membre du Parti de l’Union Démocratique (PYD). Elle s’engage dans les YPJ en 2015 en réaction aux massacres de Sinjar commis par l’ Etat Islamique contre la communauté yézidie en 2014. 
De 2015 à 2017, elle participe à plusieurs combats contre l’État islamique, notamment la bataille de Kobané et la bataille de Raqqa.  
Le 20 janvier 2018, l’armée turque lance une offensive pour prendre le contrôle de la ville d’Afrine dans l’enclave libre et autogérée du Rojava (Kurdistan syrien). YPJ, indique que « Barin et trois autres compagnes de combat ont refusé de reculer malgré les ordres donnés en ce sens et ont poursuivi le combat jusqu’au martyre ». Son corps dénudé et mutillé est retrouvé le 30 janvier. Les YPJ confirment sa mort ainsi que celle de trois autres combattantes des YPG. 


1https://www.elle.fr/Societe/News/Jean-Luc-Melenchon-face-a-ELLE-A-16-ou-17-ans-j-ai-ete-au-moins-aussi-grossier-que-Mila-4002346
2https://www.mediacites.fr/enquete/toulouse/2020/12/07/moins-dune-rue-sur-vingt-porte-un-nom-de-femme-a-toulouse/

Solidaires de Toulouse à Kiev

Cette semaine, comment ne pas parler de la guerre en Ukraine lancée par Vladimir Poutine? Je n’ajouterai pas ici une analyse aux nombreuses déjà émises un peu partout dans le flot des réseaux sociaux. 

En tant qu’élu municipal de la ville de Toulouse, ville jumelée à Kiev depuis 1975, j’ai une pensée particulière pour le peuple ukrainien dans son ensemble, les Kiéviennes et Kiéviens, ainsi que pour les manifestant.e.s russes qui ont le courage de sortir dans la rue pour dire non à la guerre.

Cette période de trouble géopolitique nous oblige à consulter les pages sombres de nos histoires, et celles et ceux qui firent figure d’étincelle dans la glace de la surenchère guerrière. Je vous mets ici le lien du dernier discours de Jean Jaurès, le 25 juilllet 1914: https://www.humanite.fr/sites/default/files/legacy/doc1jeanjaures.pdf

Dans les moments de crise il faut savoir faire appel à sa mémoire pour puiser les racines de solutions possibles par le haut.

Pour le reste, je relaie ici le texte écrit collectivement et lu par ma collègue conseillère municipale Agathe Roby, lors du rassemblement de ce vendredi 25 février, à l’appel des associations et syndicats, au nom de l’Union Populaire qui expose notre position et nos propositions à ce stade.
    
 “Nos premiers mots vont au peuple ukrainien victime de l’invasion militaire brutale et meurtrière de la Russie. La France insoumise et l’Union Populaire condamnent fermement l’invasion russe et plaident pour que les étapes nécessaires à une désescalade soient mises en place.


Une pensée particulière aux habitantes et habitants de Kiev. Vous savez sans doute que notre ville est jumelée avec la capitale de l’Ukraine depuis 1975. En tant que conseiller.es municipaux toulousains, nous adressons toute notre solidarité et notre soutien au maire de Kiev, Vitali Klitschko. Nous appelons de nos vœux la mise en place d’une aide humanitaire et l’accueil des réfugié.es ukrainiennes et ukrainiens à Toulouse au titre de ce jumelage. Comme pour toutes les victimes de conflits et de catastrophes climatiques, des propositions de solidarité doivent être mises en place le plus rapidement possible.


Une pensée aussi à toutes et tous les Russes qui se sont rassemblé.es pour dire non à la guerre. Nous savons le courage qu’il faut pour manifester contre la politique du Kremlin et nous savons la répression à laquelle les mouvements d’opposition russes s’exposent face à l’autocrate Poutine. Nos camarades du Front de Gauche dont M.Serguei Oudalstov en ont payé le prix par de nombreuses années de prison.

Tout doit être fait pour obtenir un cessez-le-feu dans les plus brefs délais pour faire cesser les souffrances et l’exil des populations civiles. Sauf à la guerre totale, il n’existe pas d’alternative à la voie diplomatique. Il faut donc créer les conditions d’une désescalade, qui passe par un cessez-le-feu, un retrait des troupes russes du territoire ukrainien et la sécurisation des 16 sites nucléaires, dont Tchernobyl. 

La France, par son histoire et son statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, est l’une des seules puissances à pouvoir œuvrer en ce sens comme elle l’a fait en 2003 lors de la guerre d’Irak. Le président ukrainien a fait preuve de courage en évoquant la possibilité de la neutralité de l’Ukraine si des garanties de sécurité sont fournies à son pays.

C’est le sens de la proposition faite par Jean-Luc Mélenchon et l’Union Populaire de la tenue d’une conférence sur les frontières dans le cadre de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE). La France doit être force de proposition diplomatique. La solution ne peut en aucun cas être celle d’un affrontement armé entre puissances nucléaires. Cela exposerait l’Europe et le monde à des conséquences incommensurables.

L’Europe  a été le berceau de deux guerres mondiales. Œuvrons tous ensemble pour que la 3ème soit évitée. Vive la Paix ! La paix entre les peuples doit être le but ultime de toute action humaine. Elle doit rester notre boussole. Et la France se doit d’en être la garante.  À nous aussi, peuple français, de nous en mêler en descendant massivement dans la rue pour réclamer la paix.”

De portes en portes

Aujourd’hui, c’est dimanche! Et dimanche, pour les militant.e.s Union Pop’ de la 4ème Circonscription de Haute-Garonne, c’est porte à porte! Un rendez-vous rituel que nous avons institué début janvier et qui vient s’ajouter chaque semaine à celui du mercredi lancé depuis octobre. L’émission C Politique sur France 5 y a même consacré une capsule vidéo qui sera diffusée dimanche prochain à 18h30.

Dès le début, notre stratégie locale, puis nationale, a été claire : aller chercher dans un premier temps les personnes potentiellement non inscrites sur les listes ou abstentionnistes “récidivistes”. 

On ne peut en effet pas compter sur le gouvernement pour inciter les gens à participer à la vie démocratique du pays et à user notamment de leur droit de vote. On entend dire qu’une campagne de sensibilisation se prépare pour le 25 février, la fin des inscriptions étant le 4 mars, fin de la blague! Emmanuel Macron a de toute façon intérêt à peu de participation pour que son score soit gonflé par l’aristocratie électorale qui ne manque aucune élection.

La désertion de la puissance publique, même sur ce sujet est donc compensée par la volonté et la solidarité des militant.e.s, qui partout en France se démènent pour faire avancer leurs idées et simplement intéresser les habitant.e.s au cadre électoral dans lequel elles sont amenées à être tranchées.  A Toulouse d’autres groupes, dont les Jeunes Insoumis ont fait un travail remarquable dans les Cités U. Des militant.e.s de différentes circonscriptions commencent à mettre en place des porte à porte partagés, comme nous le faisons avec celles et ceux de la circo 9. 

Nous avons décidé de nous consacrer plus particulièrement à deux quartiers du Mirail où selon l’analyse cartographique de nos militant.e.s expert.e.s, l’abstention a été la plus forte depuis 2017. On y trouve des bureaux de vote à plus de 80 % d’abstention sur les dernières élections Départementales et Régionales, là où Jean-Luc Mélenchon a obtenu des scores homériques il y a 5 ans, allant jusqu’à faire 52% dans un bureau de vote au premier tour, où aucune communauté cubaine ou vénézuélienne n’est répertoriée.

C’est plutôt le discours et la constance qui sont reconnus par les gens avec qui nous discutons sur la défense des plus pauvres et des communautés stigmatisées. Ainsi peut-on entendre des choses sur JLM qui ferait s’évanouir Sonia Mabrouk : « Mélenchon il est gentil » ou « c’est un visionnaire »… Les retours sont très positifs, même si émaillés ici ou là par quelques critiques mais toujours moins nombreuses que dans d’autres secteurs de la société. 

Voici comment l’on peut synthétiser les opérations de porte à porte dans le secteur Reynerie-Bellefontaine. La première donnée est que sur 10 portes frappées, 7 restent fermées pour trois raisons principales : parce que les gens ne sont pas chez eux au moment de notre passage, parce qu’ils n’ouvrent pas leur porte car ils ne  souhaitent pas être dérangés et enfin parce que les logements sont inoccupés voire condamnés. 

En effet, nous sommes dans des quartiers Rénovation Urbaine où beaucoup de barres sont promises à la démolition depuis des années. La stratégie des bailleurs est donc, à la fin d’un bail de location, de laisser l’appartement vide  pour ne pas avoir à reloger les gens, d’autres ont été contraints de partir et d’autres encore ont accepté une des trois propositions de relogement qu’est obligé de faire le bailleur. 

De nombreux habitant.e.s se mobilisent contre ces « rénovations » faites sans eux et pas pour eux. Il faut ici rendre hommage notamment à Karine Bellemare, habitante de la tour Messager qui depuis des années mène cette lutte1. J’avais de mon côté publié une tribune sur la question et aurait tant de choses à dire que cela mériterait un nouveau billet2

Revenons ici à nos portes toquées et qui cette fois, s’ouvrent . Elles se divisent aussi en trois catégories. Celles des personnes qui bien que travaillant dans notre pays n’ont pas le droit de vote, car pas encore la nationalité française. L’occasion de revenir sur notre programme qui veut régulariser toutes celles et ceux qui travaillent ici et contribuent à la richesse nationale. La plupart de ces personnes sont souvent intéressées par la politique française et en parlent dans leur entourage, à une sœur, à un fils qui a la nationalité française et ira voter probablement pour JLM.

 La deuxième catégorie affirme un vote assuré qui ira pour JLM. Dans ce cas nous n’avons pas à faire de travail de persuasion, les gens le sont déjà. Certains nous invitent même à entrer pour prendre le thé avec leurs amis présents ou nous demandent des tracts pour en distribuer de leur côté. Il y aurait d’ailleurs à réfléchir et à dire sur la force de ce vote « fixé » sur JLM et l’Union Populaire.

Troisième catégorie : les indécis. Soit ils ne savent plus s’ils sont inscrits car la dernière fois c’était en 2017, auquel cas nous vérifions leur situation électorale avec eux sur internet. Le choix du vote est alors plus complexe et encore indécis. Soit ils ne votent pas par conviction avec différents arguments : de l’inutilité du vote, au fatalisme, de la défiance pour les politiques de manière globale, au sentiment que peut importe celui ou celle qui arrivera au pouvoir il ou elle les trahira.

Sur ce dernier point de vue, le gouvernement Hollande a laissé des traces compliquées à effacer, nous nous efforçons alors de mettre en avant le programme de l’AEC et d’engager une conversation avec la personne sans pour autant avoir la prétention de la convaincre, la petite graine germera peut être plus tard, ou pas.


On dit souvent que les gens sont « dépolitisés », je suis persuadé de l’inverse. Les gens sont ultra « politisés », à commencer par celles et ceux qui ne votent plus, ce qui aiguise leur esprit critique davantage, et qui allié au fatalisme ambiant nous rend la tâche ardue. Même si nous ne parvenons pas à décider les abstentionnistes déterminés, voire hostiles à nos idées, ils sont tout de même contents de nous voir.

Pourquoi ? Parce que nous sommes parfois un des seuls liens de sociabilités auquel ils auront pu se raccrocher dans la semaine. Je pense notamment à des personnes âgées isolées, qui voient peu de gens et nous taillent la discussion sur tout et rien. Les mêmes préoccupations autour des fins de mois difficiles reviennent systématiquement : le logement, l’essence, le prix des produits de première nécessité… Mais aussi, ce manque d’être ensemble, d’avoir des gens à qui parler. 

Ce désir de rencontrer les gens « en vrai » se traduit également dans nos rangs par le nombre grandissant de militant.e.s qui participent désormais au porte à porte.

En octobre, nous étions une demi-douzaine au rendez vous du mercredi, parfois un peu moins, aujourd’hui nous sommes à chaque fois au minimum 12 aux deux porte à porte de la semaine. Il faut dire que comme partout, les militant.e.s arrivent de manière forte et constante dans la campagne. A la dernière rencontre Inter-GA (Groupes d’Action), il y a bientôt trois semaines, nous étions plus d’une cinquantaine dont la moitié de nouveaux visages, au point qu’il n’y avait plus assez de chaises dans la grande salle du Rincon Chileno, où nous nous retrouvons régulièrement. 

A chaque fois, nous y présentons les multiples actions organisées par les différents Groupes d’Actions (GA) de la circonscription, auxquelles peuvent participer, selon leurs appétences, les nouveaux venus : marchés, porteurs de paroles, les trois permanences par semaine au local de la France Insoumise de Toulouse, participation aux événements comme le très réussi meeting du 11 février dernier, la projection de Debout les femmes le 4 mars à la Maison de Quartier de Bagatelle, les opérations coups de fils où un travail capital a été effectué qui s’est avéré déterminant dans la mobilisation de nouvelles personnes et enfin le porte à porte. 

Pour ce dernier, en regardant lundi la carte de la Reynerie et de Bellefontaine, je me suis aperçu que nous avions arpenté 75 % des blocs du quartier. Un petit exploit quand on sait qu’au début nous n’en visions que 50 % d’ici le 4 mars. Il nous reste deux semaines pour combler les 25 % restants et c’est ce à quoi nous allons nous atteler ce dimanche ainsi que les jours suivants. J’en ai donc fait ma priorité. Ensuite je pourrai retourner au Parlement de Campagne national avec plaisir le 19 mars prochain à la veille de la grande marche nationale du 20 mars.

D’ici là nous serons passés à d’autres quartiers du secteur où les habitus de vote sont plus ancrés, et où il s’agira de passer d’un porte à porte d’inscription à un porte à porte de conviction dans la dernière ligne droite de la campagne.

Toutes ces portes frappées seront elles payantes d’un point de vue électoral? Rien ne nous le garantit, c’est un vrai “pari de Pascal” que nous effectuons. Ne pas le faire ne nous apporterait de toute façon rien, le faire avec toute la conviction que nous y mettons nous apportera peut être des résultats infimes mais cruciaux quand il s’agira de passer la tête au second tour.

1https://actu.fr/occitanie/toulouse_31555/au-mirail-des-habitants-de-l-immeuble-le-plus-vetuste-de-toulouse-on-fait-tout-pour-nous-faire-partir_47892373.html
2https://www.ladepeche.fr/2021/06/17/renovation-urbaine-a-toulouse-et-si-on-changeait-de-cap-9611999.php

Billet Violette: du Conseil de Classe au Conseil Municipal

A l’occasion de la campagne présidentielle, je reprends le fil des billets Violette pour revenir sur les moments forts et sur les actualités locales

La semaine écoulée a été chargée, c’est le moins que l’on puisse dire !

Le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre et la galère des jeunes

Profitant du départ en stage d’une de mes classes, j’ai pu me rendre à Paris mardi soir afin d’assister le lendemain à la présentation du rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre avec William Martinet, le co-rapporteur du Plan Zéro Sans-Abris de l’Union Populaire. Et c’est un sévère bilan pour Macron que nous avons dressé ! A commencer par sa promesse en 2017 qu’il n’y aurait « plus personne dans la rue d’ici la fin de l’année ».  Une promesse loin d’être tenue. On compte aujourd’hui deux fois plus de personnes SDF qu’il y a dix ans et chaque soir, dans notre pays, 3 800 personnes à la rue contactent le 115, numéro d’urgence sociale, sans qu’aucune proposition d’hébergement ne leur soit faite.

Qui a oublié également que dès le premier été de son mandat, Emmanuel Macron a coupé les aides personnalisées au logements (APL) de 5 euros  et les a gelées ? Certes, il a demandé aux offices HLM de compenser ces coupes avec la fameuse Réduction Loyer Solidarité (RLS) et cela a eu pour conséquence de freiner la construction de nouveaux logements, la réhabilitation de leur parc et leur service aux locataires. Ce bilan détaillé a été suivi par des témoignages poignants de jeunes, exposés particulièrement au mal-logement obligés de retourner vivre chez leurs parents. 

Le lendemain jeudi, Place du Capitole, au côté des animatrices et animateurs de la ville de Toulouse, qui se sont vus privés de 300 euros sur leur salaire suite à une erreur kafkaïenne de la Mairie, je ne pouvais que repenser à ces paroles. Ces jeunes qui assurent le bien être de nos pitchounes au quotidien dans les écoles de la ville, qui sont en première ligne face à la crise Covid ont vu leurs conditions de travail dégradées avec le passage du taux d’encadrement de 14 enfants par animateurs à 18, subissant une nouvelle injustice de la part de la Mairie dans un contexte de précarité accrue.

Voilà la double dose du Macronisme que subissent les habitantes et habitants de Toulouse. Et les mots de Jean-Luc Mélenchon lors de son meeting ce jeudi résonnent ici : « la violence de leur monde ».

Oui, nous ne pouvons que souhaiter la fin de leur monde comme le rappait IAM, a fortiori lorsque sont exposées par la Fondation Abbé Pierre toutes ces situations de violence : celles que subissent les réfugié.e.s à Calais, sous les ponts des grandes villes et celle, à Toulouse, de la menace d’expulsion qui plane au dessus de la tête des  « jeunes mineur.e.s isolé.e.s » qui vivent dans la résidence des Tourelles. Les associations dont Médecin du Monde l’ont déjà dénoncé, et avec le groupe municipal AMC nous y sommes particulièrement vigilants.


Jean-Luc Mélenchon, mention très bien pour le grand oral sur le logement

Mercredi, après les témoignages, c’est l’exercice du grand oral qui attendait les candidates et candidats à la présidentielle devant le public présent. Dans l’ordre Fabien Roussel, Christiane Taubira, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Aurélien Pradié qui représentait Valérie Pécresse. Il leur faut faire face de surcroît aux questions de Christophe Robert et Manuel Domergue respectivement Directeur Général et Directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, et d’Anne-Sophie Lapix présente pour l’occasion. 

La plupart des candidat.e.s s’en sortent de manière plus ou moins convaincante comme Fabien Roussel, Anne Hidalgo et Yannick Jadot. Beaucoup plus compliqué pour Christiane Taubira,, qui va se prendre les pieds dans le tapis sur de nombreux sujets. On ne peut pas tricher ou s’en sortir par de la simple éloquence sur des questions aussi techniques que le logement face à des interlocuteurs avertis, résultat: cette fois le Conseil de classe ne s’est pas laissé dupé et a donné la mention “flou” à Mme Taubira.

On notera l’intervention d’Aurélien Pradié face à un public non acquis qui, malgré quelques approximations, a eu le mérite d’assumer la ligne de droite de sa candidate sans louvoyer. Une proposition intéressante de sa part: donner plus de marge aux maires des communes pour réquisitionner les logements et bâtiments vacants et un constat sur la financiarisation du logement qu’il avouera partager avec notre candidat: Jean-Luc Mélenchon.

Nous avons justement accueilli Jean-Luc Mélenchon avec son équipe, et accessoirement l’équipe de Quotidien qui a collé JLM dans tous les couloirs du Palais des Congrès. Quelques échanges sur des points du programme avant l’entrée sur scène où JLM s’est montré dès les premières minutes à l’aise et sûr de son analyse, en n’y allant pas par quatre chemins pour dénoncer la marchandisation du logement et sa volonté de mener cette bataille. Finalement JLM a été le seul à rappeler que la question de l’accès au logement est aussi une lutte des classes et des places face au capitalisme financiarisé.

Il a ensuite déroulé les propositions de notre Plan Zéro Sans-Abris et du Livret Logement publiés le même jour. Deux documents, fruit d’un travail qu’il convient de saluer de la part de l’équipe logement de l’Union Populaire, chiffrés, détaillés que je ne peux que vous recommander. Après ce franc succès, les membres de l’équipe ont pu échanger avec des représentants de la Fédération des Acteurs de la Solidarité et du Droit Au Logement (DAL) qui s’ils ont émis des remarques légitimes sur nos travaux ont insisté sur le sérieux des propositions et la qualité de réflexion des livrets programmatiques.

L’occasion pour moi de revoir Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole historique du DAL et compagnon de route de l’Abbé Pierre, au côté duquel j’ai eu la chance d’apprendre énormément pendant mes dix années passées dans cette association.

Jean-Luc Moudenc assure le service après vente de « Don’t look up »

Sur cette journée réussie, j’ai rejoint la Gare d’Austerlitz pour prendre un train de nuit afin de donner mes cours à mes Première en début de matinée, avant d’enchaîner avec une conférence de presse pour le groupe Alternative municipale citoyenne (AMC ) menée avec Agathe Roby et appuyée par nos collaboratrices Arianne et Léandra.

Au menu, l’Enquête Publique de la troisième ligne de métro, dite TAE Toulouse Aéro Express, qui sera le point central des Conseils municipaux et métropolitains ces mardi 8 et ce jeudi 10 février. 

On peut dire que ce document public ressemble à tous ceux publiés depuis le début de mandat : à contre sens du point de vue climatique. Un Plan de Développement Urbain (PDU) annulé, un Plan Local d’Urbanisme (PLUIH) proche du même sort car trop consommateur d’espaces naturels, un Plan Climat (PCAET) en dessous de toutes les ambitions nationales et internationales. 

Voici désormais une enquête publique qui sous estime largement les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) de la future troisième ligne de métro, selon plusieurs contributions d’associations dont celle remarquable des Faiseurs de Ville

En effet l’enquête prend des hypothèses exagérément optimistes sur les émissions dues au transport et sur les distances parcourues pour l’évacuation des déblais. L’association Faiseurs de Ville estime notamment que ce sont près de 413 000 tonnes de CO2e qui vont être émises lors de la construction, soit un chiffre 2,5 fois plus élevé que celui du dossier soumis à l’enquête publique. Il en va de même sur les déplacements en voiture que permettrait d’éviter cette troisième ligne, là Tisseo s’emmêle les pinceaux en exposant deux chiffres différents allant du simple au double : -531 000 km/jour dans l’enquête environnementale contre – 250 000 km/jour annoncé sur le site de Tisseo.

Force est de constater qu’à ce jour la construction de la troisième ligne de métro aggrave à ce stade les émissions de Gaz à Effet de Serre sur la métropole toulousaine et contrevient à l’objectif de réduction de 44 % de celles émises par les  transports de l’agglomération à l’horizon 2030 tel qu’inscrit dans le Plan Climat (PCAET). 

Avec le groupe AMC, nous demandons donc des chiffrages corrigés et un Plan de Développement Urbain de toute urgence avec la participation des  habitants et associations, pour répondre aux objectifs du Plan Climat ainsi qu’aux objectifs nationaux et internationaux. 

Un Plan Climat lui même sous-dimensionné comme l’a montré la présentation de son bilan de mi-parcours le 20 janvier dernier : une trajectoire de –9% de réduction de gaz à effets de serre (GES) au lieu de l’objectif de –40%, cela alors même que la Commission Européenne a adopté un objectif de -55% qui va être décliné pour la France sous peu. Une trajectoire médiocre dont M. Moudenc compte faire peser sur les habitant.e.s qui sont priés d'acheter une voiture électrique dès le 1er janvier 2023 à cause de la non anticipation par la métropole du déploiement de la ZFE .

De notre côté, avec les élu.e.s du groupe AMC au Conseil municipal, nous continuerons à inciter M. Moudenc à sortir de l’impasse de son « don’t look up » pour mettre en place un Plan de mobilités en accord avec les objectifs climat et inscrire le projet de troisième ligne dans ce cadre. D’ici là, nous proposerons de ne pas lancer le projet en intégralité mais par tronçons, pour se laisser une marge de manœuvre pour développer le RER toulousain qui aura pour atout de desservir équitablement tous les territoires de la métropole. Nous nous efforcerons une nouvelle fois de réconcilier M. Moudenc et sa majorité avec les deux mots qui lui font cruellement défaut : anticipation et planification. 


Une fin de semaine avec deux meetings marquants en Occitanie

La planification écologique est justement l’un des axes de campagne que nous défendons avec l’Union Populaire et qui, n’en doutons pas, sera mise en avant lors des meetings qui s’annoncent.  A commencer par celui de vendredi prochain au Palais des sports de Toulouse avec Manuel Bompard, Mathilde Panot et Adrien Quatennens. 


Autre temps fort de la mobilisation toulousaine que nous faisons vivre depuis plusieurs mois, des milliers de portes toquées afin d’accompagner les habitants mal ou non inscrits sur les listes électorales dans leurs démarches d’ici le 4 mars.

Rappelons-le, ils représentent en France plus de 13 millions de personnes sur les 48 millions d’électeurs!  
Partout nous constatons que nous sommes en dynamique. Ainsi lors  de la dernière réunion des militant.es de notre circonscription, pas moins d’une cinquantaine de personnes étaient présentes dont énormément de nouveaux visages. Malgré les zones de turbulence, le plan de vol se déroule sans accrocs et le meeting de Montpellier de Jean-Luc Mélenchon ce 13 février devrait marquer une nouvelle étape de campagne après ceux de Nantes, Strasbourg, Bordeaux et Tours. 

Appelle ta rue Episode #3

Demain se tient la Commission Dénomination de voie à la mairie. L’occasion de poursuivre notre travail de féminisation des noms de rue.

En ce sens nous devrions aller dans le bon sens en validant les noms de rues suivants, dont celui de Clarissa Jean-Philippe, victime des attentats terroristes de 2015 que nous avions proposé en début de mandat.

Voici les noms qui devraient être validés demain :

Angélique-Marguerite Le Boursier Du Coudray , sage-femme, 1712-1794

Amparo Poch Y Gascon, médecin, militante féministe, 1902-1968

Simone Iff, militante féministe, 1924-2014

Anne Lister, pyrénéiste, 1791-1840

Clarissa Jean-Philippe, victime du terrorisme, 1988-2015

Nous soumettrons aussi de nouveaux noms avec ma collègue Hélène Magdo  :

Jeanine Messerli-Morisse née en 1921 à Auch. Elle devient résistante le 18 juin 1940, jour de l’appel du général de Gaulle, sous le nom de ‘Niquou’. Membre du réseau Prunus, elle est dénoncée en 1943 et forcée à se cacher successivement dans plusieurs petits villages du Gers, jusqu’à son arrestation par la Gestapo. Elle est alors emprisonnée dans la prison de Furgole à Toulouse puis dans la prison de Fresnes, puis déportée dans le camp de Ravensbrück en Allemagne. Pendant de nombreuses années, Jeanine Messerli a continué de témoigner, toujours avec douceur mais conviction, aux élèves en visite au Musée départemental de la Résistance & de la Déportation.

Hassan Jandoubi (1er Mars 1966-21 septembre 2001) . Ouvrier chez AZF, Hassan Jandoubi est une des 31 victimes de l’explosion d’AZFIl a été accusé de manière injuste par certains protagonistes d’AZF dont les avocats de Total d’être responsable de l’explosion et assimilé à un terroriste islamiste. De par ses origines et sa religion pré-supposée certains ont tenté d’en faire un bouc-émissaire. Une double peine pour ses proches, sa famille et sa compagne, qui en plus de perdre l’un des leurs ont vu sa mémoire et son nom salis. Pour cette raison et ne pas oublier qu’en toute circonstance historique des personnes servent de boucs-émissaires lorsque des événements extra-ordinaires et meurtriers surviennent , nous proposons qu’une rue porte le nom d’Hassan Jandoubi.

Antoinette Duclaire, était une militante féministe, activiste politique et journaliste haïtienne née le 31 octobre 1987 et assassinée dans la nuit du 29 au 30 juin 2021 à Port-au-Prince. 

Elle a étudié l’anthropo-sociologie et débutait des étude en sciences juridiques à la Faculté de droit et de sciences économiques. Elle travaillait comme consultante dans plusieurs institutions et collaborait à la Radio Télé Pacific et animatrice de l’émission Ti Bat Bouch sur la Radio Sans Frontière/RSF. Membre de plusieurs associations telles que Matris Liberasyon, Nou Pap Dòmi, Solidarité des femmes haïtiennes journalistes (SOFEHJ), Solidarité actives à la lutte des consommateurs haïtiens (SALCONH). Elle était aussi cofondatrice et PDG d’un jeune média en ligne, La Repiblik Magazine12 et membre de la coordination du groupe RADI

Âgés de 33 ans, les journalistes Diego Charles et Antoinette Duclaire ont été abattus dans la nuit de mardi 29 à mercredi 30 juin 2021 par des individus armés, Selon un communiqué du Réseau national de défense des droits humains, elle a reçu sept balles.

Anarcha, Betsy et Lucy, esclaves noires torturées pour donner naissance à la gynécologie moderne.

On ne sait rien d’elles, à part leurs prénoms. Ces 3 femmes sont les seules dont les prénoms sont parvenus jusqu’à nous sur la douzaine d’esclaves noires qui ont été utilisées comme cobayes par un des “pères” de la gynécologie : J Marion Sims (1813-1883).

Anarcha a subi plus de 30 chirurgies extrêmement douloureuses, sans considération, sans prise en compte de sa souffrance.

Betsy et Lucy elles aussi ont été mutilées et torturées, et avec elles une dizaine d’autres esclaves noires.

Ce chirurgien est resté dans l’histoire. Il a eu des statues à son effigie. Il était riche et célèbre, son nom est associé à un outil de gynécologie.

Ses victimes, ses cobayes, elles, n’ont jamais eu droit à la moindre reconnaissance.

Au nom de toutes ces esclaves, en reconnaissance de leur torture, de leur souffrance, et du progrès qui a été fait à leur corps défendant, nous proposons qu’un hommage leur soit rendu en baptisant une rue de Toulouse de leurs noms.

Logement: A Toulouse, les raisons de la galère

Où il est question d’artificialisation des sols, du logement social dévoyé, du refus de maîtriser les prix des loyers, de La Grave, de la Garonne, du Mirail, de mixité sociale.

Ce 14 octobre 2021 se tenait le Conseil Métropolitain de rentrée dont le programme fut chargé : transports, écologie, stratégie foncière, culture… Nous vous proposons ici de nous arrêter sur un des chapitres, et pas des moindres, concernant le « Pacte pour l’Habitat » pour comprendre comment les choix politiques ont des répercussions sur la vie des habitant.e.s de la Métropole.

Ce Pacte a été mis en place suite à l’annulation du PLUI-H (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal de l’Habitat). Une annulation qui fait écho à celle d’un autre document structurant pour les politiques à l’échelle de la métropole, singulièrement en matière de transport : le PDU (Plan de Développement Urbain).

Le PLUI-H régit les règlemente l’urbanisme dans les 37 communes et les 46 000 hectares de la Métropole. C’est lui qui donne aussi les grandes impulsions en matière d’Habitat. Il est donc important pour déterminer les moyens mis en place afin de faire en sorte que chacun, quelque soit ses revenus par exemple, puisse trouver à se loger.

Son annulation alors qu’il avait été adopté en avril 2019 a été vécue comme un coup de tonnerre, y compris par le Maire de Toulouse et Président de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc, qui a même dénoncé « une décision qui piétine la volonté du peuple » de la part du Tribunal1, rien que ça. Pourtant dans ce PLUI-H, une partie dudit peuple était mise de côté, nous y reviendrons. Il est notable par ailleurs que si le PLUI-H a été annulé c’est raison de sa mauvaise copie écologique. Particulièrement car il ne modérerait pas suffisamment la consommation des espaces naturels agricoles et forestiers, et ne contrôlerait pas suffisamment l’étalement urbain à l’échelle de la Métropole2.

La récente inauguration du nouveau Parc des Expos, le MEET, est un bon exemple de cette artificialisation débordante des sols avec pas moins de 700 000 m3 de terre déplacées, soit l’équivalent d’un an de terrassement sur toute l’agglomération toulousaine et l’utilisation de 9 000 camions toupies qui ont déversé des tonnes de béton3.

Tout cela pour un résultat qui si on en croit les observateurs extérieurs s’avère surdimensionné4, périmé5 et surtout très énergivore puisque les promoteurs vont bientôt encore artificialiser 25 000 hectares autour du MEET6.

Des qualificatifs que les premiers usagers ont pu constater comme en atteste le témoignage éloquent d’une exposante paru récemment dans un journal local : « Ce que je ne comprends pas, poursuit-elle, c’est que le stationnement soit payant, alors que le Parc-Expos a été justement construit à l’extérieur de Toulouse sur un site immense et que l’on est obligé de prendre sa voiture pour s’y rendre quand on n’habite pas dans un endroit desservi par les transports en commun. Et le comble, c’est que jeudi, c’était le salon des demandeurs d’emploi qui en ont été de leur poche. Ce n’est pas très cohérent »7.

S’il était concevable de souhaiter un autre Parc des Expositions pour la métropole toulousaine, celui-ci ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Pourtant c’est pas moins de 310 millions d’euros d’argent public qui y ont été dépensé, dont 200 de la Métropole, qui aurait pu être investis dans la construction de logement social par exemple, ou encore dans la rénovation thermique et phonique des logements comme nous le verrons plus bas.

Avec le MEET nous avons l’exemple concret d’un aménagement qui entre dans le cadre des reproches mentionnés par le Tribunal pour motiver sa décision d’annuler le PLUI-H. Même si un appel est en cours devant la Cour Administrative de Bordeaux, il est très incertain qu’il aboutisse. Il fallait donc pour la Métropole rectifier le tir autant que cela soit possible en proposant un nouveau document cadre avec ce « Pacte pour l’Habitat » afin de donner des orientations, qui ne font pas office d’engagements, aux 37 communes.

Dès lors on pouvait espérer que ce Pacte répare les erreurs qui avaient été commises par le passé notamment en matière de logement social. En effet, si l’on peut se satisfaire que sur l’objectif de 7 000 logements construits par an, 35 % de logement doivent être sociaux, il faut rappeler que c’est tout simplement car beaucoup de communes doivent rattraper leur retard sur les lois SRU et Alur qui impliquent de disposer de 25 % de logements sociaux à l’horizon 2025.

Or le logement social a été utilisé, et nous verrons qu’il l’est et le sera encore, par Toulouse Métropole non pas comme un moyen de donner un logement à celles et ceux qui en ont le plus besoin, mais pour créer un nœud d’engorgement notamment sur Toulouse et permettre la gentrification de la ville rose voulue par M. Moudenc.

Pour bien saisir la situation il faut avoir en tête que suite aux réformes successives du logement social, il existe aujourd’hui trois grands types de logements sociaux selon les ressources des demandeurs : PLAI, PLUS, PLS. Voici comment est défini chacun par le groupe Action Logement par exemple :

PLAI : Le logement PLAI permet aux personnes rencontrant des difficultés économiques et sociales de se loger. 

PLUS : Dispositif le plus majoritairement utilisé par les bailleurs sociaux, le logement PLUS répond à l’objectif de mixité sociale.

PLS : Le logement intermédiaire est principalement destiné aux classes moyennes, il est attribué aux familles dont les revenus sont trop élevés pour pouvoir accéder aux locations HLM, mais trop bas pour pouvoir se loger dans le secteur privé.

Voici un tableau qui indique les seuils de ressources annuelles dans les autres régions que l’Ile-De France (avec les quatre premières catégorie de ménages sur les sept existantes).

 

PLAI

PLUS

PLS

1 personne seule

11 531

20 966

27 256

2 personnes sans personne à charge à l’exclusion des jeunes ménages ou une 1 personne seule en situation de handicap

16 800

27 998

36 397

3 personnes ou 1 personne seule + 1 à charge ou jeune ménage  sans personne à charge ou 2 personnes dont au moins 1 en situation de handicap

20 203

33 670

43 771

4 personnes ou 1 personne seule + 2 à charge ou 3 personnes dont au moins 1 en situation de handicap

22 479

40 648

52 842

Une fois ces données intégrées il conviendrait donc que la puissance publique produise les typologies de logements sociaux selon les ressources de demandeurs. Hélas c’est tout le contraire qui se produit sciemment de la part de Toulouse Métropole comme cela fut montré dans un rapport que nous avions publié avec le Droit Au Logement 31 en étudiant les chiffres communiqués8. Ainsi en 2017, 29 000 demandes de logement social étaient en cours, le tableau ci-dessous montre le pourcentage de demandeurs selon les ressources et l’offre qui est alors proposée :

 

PLAI

PLUS

PLS

Pourcentage de demandeurs éligibles

75 %

20 %

5 %

Production de Logements sociaux

29 %

50 %

21 %

Ce décalage voulu entre la demande et l’offre montre de manière limpide comment plus vous êtes pauvres et demandeur de logement social, moins vous avez de chance paradoxalement d’y accéder.

Le manque de logements très sociaux (PLAI) est d’ailleurs reconnu dans le nouveau « Pacte d’Habitat » et suite aux nombreuses interpellations, on note que la Métropole fait un petit pas en demandant à ce que désormais l’offre en logements très sociaux passe de 30 à 40 %.

Cela reste néanmoins très loin de la demande, au contraire l’offre en logements très sociaux aurait dû être d’autant plus importante et volontariste, que la demande en logements sociaux a explosé de 31 % en moins de 5 ans pour passer à 38 000 demandeurs sur Toulouse Métropole. A titre de comparaison, la demande nationale a augmenté elle de 20 % en 8 ans9. Nous sommes donc dans le rouge, et cette forte demande s’explique aussi par la volonté de ne pas encadrer les loyers, nous y reviendrons.

Avant cela, faisons un gros plan sur une récente opération immobilière qui montre que les objectifs affichés par le « Pacte d’Habitat » ne résistent pas aux actes concrets :parlons de La Grave. Ce site exceptionnel situé dans le quartier de Saint-Cyprien, avec une Histoire de solidarité et d’hospitalité liée aux réfugié-e-s de la Retirada, est depuis quelques mois en travaux pour accueillir une résidence de luxe signé par une société immobilière incontournable à Toulouse : Kaufmann and Broad. Cette résidence se construit sur les ruines de l’ancien Institut Claudius Regaud, destiné aux personnes souffrant du cancer, qui était un bâtiment hospitalier récent, viable, détruit en pleine crise sanitaire, après que le CHU, dont M. Moudenc est le président du Conseil de Surveillance, l’ait bradé au promoteur.

Y sont annoncés des duplexs à 1,6 millions d’euros avec vue sur le dôme de La Grave et sur la Garonne ainsi qu’un hôtel de luxe10. Les associations de santé, d’habitants, pour le droit au logement se mobilisant contre le projet qui participe à la gentrification en cours du quartier Saint-Cyprien, la Mairie s’est vue contrainte d’annoncer qu’il y aurait également du logement social dans le programme immobilier, sans que l’on sache pendant longtemps quels types de logements sociaux devaient y être produits.

Un récent article de La Dépêche met fin au suspense et nous apprend récemment que c’est finalement pas moins de 113 logement sociaux sur les 226 appartements prévus11. Miracle se dit-on, enfin une politique volontariste en matière de logement social et de mixité sociale dans un quartier de plus en plus cher. Hélas l’étude sérieuse des chiffres dégonfle cette annonce. Voici les chiffres que nous nous sommes procurés après une question à l’Adjoint au Logement de Toulouse, M. Serp :

Dès le départ nous apprenons que sur les 113 logements sociaux il faut déjà en retirer 27 qui sont en réalité en accession à la propriété directe.

Il nous en reste donc 86 dont voici la répartition :

 Bailleurs sociaux

PLS en Usufruit Locatif Social

PLS

PLAI

Promologis

33

11

0

Touloulouse Métropole Habitat

22

14

6

 Sur cet ensemble de 55 sont donc prévus en « Usufruit Locatif Social ». L’Usufruit Locatif Social qu’est ce que c’est ? C’est le même dispositif qui a été choisi par la Métropole pour brader il y a quelques années le bâtiment Fidelio de 5 500 m² en plein centre ville à Adim, une filiale de Vinci12.

C’est un dispositif qui repose sur le principe du démembrement temporaire de propriété sur une période de 15 à 20 ans. Un investisseur acquiert la nue-propriété d’un bien à un prix décoté, tandis que son usufruit est cédé à un bailleur institutionnel. La pleine propriété se reconstitue sans formalités ni frais au terme du contrat. L’investisseur peut dès lors vendre, louer ou occuper son bien.

Le site « Chasseur d’Immo » nous expliquait en 2016 les avantages pour les investisseurs : « c’est  un des outils de défiscalisation les plus intéressants, Si l’investisseur est de plus concerné par l’ISF, il peut y soustraire cet appartement, sans oublier l’exonération de la taxe foncière. On peut obtenir un décote du prix de l’appartement allant jusqu’à 40 %. En cas de revente, l’impôt sur la plus-value sera amorti grâce à cette décote et la TVA fixée à 5,5 %. Cet outil de défiscalisation offre de nombreux autres avantages économiques comme le déchargement du propriétaire dans tout ce qui est relatif à la gestion courante de l’appartement : remise en l’état (même à la fin de l’usufruit), entretien ou encore recherche de futurs locataires. »13

Bref, 55 logements annoncés comme sociaux tomberont, on le comprend aisément, dans l’escarcelle du marché privé et de la spéculation locative d’ici 15 ou 20 ans (nous n’avons d’ailleurs à cette heure toujours pas eu de réponses sur la durée des conventions).

Reste donc 31 logements pouvant être encore qualifiés de sociaux, soit 13 % du parc des 226 appartements, deux fois moins que les 25 % d’objectif de la loi SRU. Ce manque de logements sociaux sur ce programme devra donc être compensé ailleurs à l’avenir.

Penchons nous maintenant sur leur typologie, en admettant d’intégrer les logements prévus en « PLS usufruit locatif social », soit au total 86 logements, sachant que la demande n’a pas évolué aux dernières nouvelles (nous avons demandé les chiffres récents à la Commission Habitat non communiqués à cette heure).

 

PLAI

PLUS

PLS et PLS usufruit Social

Demandeurs

75 %

20 %

5 %

Offre

7 % (6 logements)

0 %

93 % (80 logements)

On a ici un exemple éloquent de comment les typologies de logement sociaux sont utilisées pour éliminer les demandeurs les plus pauvres. Il est d’ailleurs étonnant que l’on ne compte aucun logement en PLUS dans le programme, et révélateur que seulement 7 % des logements proposés soient du PLAI (logement très social) alors que la demande est de 75 % et que le récent « Pacte pour l’Habitat » annonce vouloir porter l’offre de ce type de logement à 40 %.

Il est également à noter qu’aucune garantie n’est apportée par les bailleurs, à notre connaissance, sur un engagement visant à ne pas vendre les 31 « vrais » logements sociaux dans les années à venir. En effet, les bailleurs HLM ont désormais avec la Loi Elan obligation de vendre 1 % de leur parc de logements par an pour obtenir des rentrées d’argent. Il existe aujourd’hui clairement un risque que les logements sociaux vendus dans le cadre de ce 1 % obligatoire soient ceux étant dans des zones où les prix du foncier sont les plus onéreux permettant ainsi aux bailleurs de s’assurer une vente plus fructueuse, et par là même de voir s’amoindrir les logements sociaux dans des quartiers huppés et donc y entacher la mixité sociale.

Cette politique de gentrification par le logement social s’accompagne à Toulouse Métropole d’une volonté butée de ne pas encadrer les loyers.

Cela alors que d’après l’indice CLAMEUR mis en place par les professionnels de l’immobilier, les loyers ont augmenté de 40 % en 15 ans à Toulouse et de 12 % rien que ces trois dernières années14. Récemment encore le site PAP publiait une étude réalisée à partir de 14 754 dossiers locataires remplis entre le 1er et le 15 juin 2021 et comparés à la même période en 2020 et 2019. En bref, le loyer a augmenté dans une proportion significative depuis deux ans. Le site immobilier estime qu’actuellement à Toulouse, le loyer moyen d’un studio (charges comprises) est de 491 euros, soit une hausse de 1,9 % depuis l’année dernière15. Les charges liées constituent plus de la moitié des dépenses des étudiant.e.s et de nombreux habitant.e.s aujourd’hui.

Malgré ce constat et les témoignages qui affluent de personnes qui galèrent à trouver un logement, le Président de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc reste arc bouté sur sa position. Il est notable toutefois d’observer qu’il se faisait il y a encore quelques années un farouche opposant à la mesure, mais qu’il est plus mal à l’aise aujourd’hui sur sa position.

Ce qui est plus surprenant c’est que dans cette croisade contre la maîtrise des loyers, M. Moudenc a trouvé comme alliée sa Vice-Présidente à l’Habitat, Mme Traval Michelet, maire PS de Colomiers. Celle-ci, comme son prédécesseur En Marche M. Biasotto, a ainsi justifié le fait de ne pas candidater à l’encadrement des loyers proposé par le Ministère car la collectivité ne répondrait à aucun des critères proposés, sachant qu’il suffisait pourtant d’en cocher un seul des suivants pour candidater :

– Ecart important entre les loyers du secteur public et du secteur privé.
– Niveau de loyer médian élevé dans le privé.
– Faible taux de logements construits dans les 5 dernières années.
– Perspectives limitées de production de logements dans les règles de construction.

Un refus qui a surpris jusque la Ministre déléguée au Logement, Emmanuelle Wargon, elle même16. Effectivement il était possible, comme suggéré dès septembre 2020 lorsque nous avons déposé un vœu en ce sens avec le groupe Archipel Citoyen, d’entrer dans le critère du « Niveau de loyer médian élevé dans le privé ».

Il est à noter au passage qu’avec la crise sanitaire et le plantage du PLUI-H, nous devrions pouvoir également étudier sérieusement les critères 2 et 3 afin de savoir si la collectivité est désormais concernée.

Pour ce qui est du “Niveau de loyer médian”, il varie selon les différentes structures qui observent les loyers, prenons donc les mesures de la collectivité elle même, bien qu’inférieures à celles d’autres observatoires, pour en juger. Elle affirmait ainsi que le loyer médian à Toulouse était de 11,1 euro au m², et faisait le travail du Ministère à sa place en prétendant que ce niveau de loyer était trop bas, car inférieur à ceux de Paris, Lyon et Montpellier, pour être retenue.

Pourtant avec un niveau de loyer médian égal ou inférieur, Bordeaux et Grenoble qui candidatèrent furent elles retenues1718

Le choix de Mme Traval-Michelet détonne de celui d’autres maires PS qui se sont illustré.e.s positivement sur ce dossier. Celle-ci a même déclaré que « les résultats de l’encadrement des loyers à Paris ne sont pas probants » lors du Conseil de Toulouse Métropole du 14 octobre dernier… Si l’on peut souhaiter qu’effectivement l’encadrement des loyers soit plus offensif vue la montée des prix de ces dernières décennies, de nombreuses analyses comme celle de Manuel Domergue, Directeur d’Etudes à la Fondation Abbé Pierre, montre que cette mesure est belle et bien positive19. Tant et si bien que l’on finit par se demander si le refus de Mme Traval-Michelet d’encadrer les loyers est moins lié au « Pacte de Gouvernance » passé avec M. Moudenc à la Métropole en début de mandat, qu’à une réelle complicité idéologique sur le sujet avec ce dernier.

L’idéologie de M. Moudenc est d’ailleurs intéressante à citer pour comprendre pourquoi nous sommes enlisé sur le sujet. M. Moudenc croit au fameux « choc de l’offre » qui grâce à de la construction massive ferait augmenter l’offre et baisser selon lui le prix des loyers. Une solution pourtant utilisée pendant des décennies sans grand succès. D’ailleurs s’il souhaitait s’attaquer à la rareté du logement il serait bienvenue de mettre sur le plan de travail la manière dont la puissance publique pourrait remettre sur le marché les plus de 23 000 logements vacants (8,1 % du parc de logement de la ville) et les 220 000 m² de bureaux eux aussi vacants à Toulouse selon l’INSEE.

Cela au lieu de les laisser dans les mains, pour une grande partie d’entre eux, de grandes sociétés qui spéculent sur la rareté du logement. Un mécanisme qu’a été étayé de manière remarquable par Leilani Farah, Rapporteuse Spéciale sur le Droit à un Logement Convenable à l’ONU20. Enfin comme on l’a vu avec le logement social et le prix des loyers, un choc de l’offre qui ne répond pas à la demande, y compris concernant les typologies familiales, a toutes les chances de ne pas trouver sa demande…

Cette stratégie de l’offre est surtout une manière de répondre sans réserve aux demandes des lobbys du BTP, dont on sait que plusieurs élus locaux y sont sensibles comme l’a montré récemment un article dans Le Monde « Restaurants clandestins : les dîners presque parfaits du Club TP90 »21. Il faut se souvenir également de l’événement « Toulouse 2030 » qui avait déroulé sur la place du Capitole le tapis rouge aux promoteurs et avait fait couler beaucoup d’encre. Le leit motiv de l’événement étant de faire de Toulouse « une ville du tourisme d’affaire », un crédo que l’on retrouve d’ailleurs dans le lunaire livret de présentation du nouveau Parc des Expositions, le MEET, et dans la présentation par son promoteur de la future Occitanie Tower, devenue Tour d’Occitanie exemptée quand à elle totalement de logement sociaux.

S’il est évident qu’il faut travailler avec les promoteurs, c’est à la collectivité d’impulser des orientations et non l’inverse. L’argent public mis dans le MEET par exemple que nous citions plus tôt aurait pu être injecté dans une filière innovante de rénovation thermique et phonique des bâtiments créant une chaîne vertueuse entre recherche, formation et création d’emplois.

Ce qui aurait pu être entrepris notamment sur l’immeuble Messager à la Reynerie au Mirail. Un immeuble dont parle la jeune réalisatrice toulousaine, Meryem-Bahia Barfaoui ayant reçu le Grand Prix du Jury dans le cadre du concours « Et pourtant elles tournent » d’Arte pour son court-métrage « Les splendides »22. Ce film, qu’on recommande, donne la parole à plusieurs jeunes filles qui parlent justement de la démolition de leur quartier sans que l’avis des habitants n’ait été pris en compte. La barre Messager est pourtant un bâtiment viable, dans lequel plusieurs locataires et co-propriétaires se sont mobilisés pour pouvoir rester. Ce bâtiment comptant 260 logements et patrimoine architectural de l’école Candilis, pourrait être un symbole avec d’autres de la rénovation des logements tout en y incluant des services publics efficients.

Au lieu de quoi sur l’autel de la « rénovation urbaine » la Métropole vient de voter lors du dernier Conseil sa participation à sa démolition par la voix de Gaëtan Cognard, élu métropolitain délégué à la Politique de la Ville. L’argument : la rénovation coûte chère… Certes, mais elle est réalisable et aura un prix certainement moindre que celui de la reconstruction de logements pour les habitants qui y vivaient et souhaitaient y rester. Ce type d’opération urbaine est aujourd’hui d’autant plus discutable lorsque l’on a pas l’aval des habitants, et au regard de la crise climatique. En effet le déplacement d’habitants implique des constructions plus loin pour qu’ils puissent trouver à se loger à prix décent et donc renforce l’étalement urbain, contre lequel la Métropole doit pourtant lutter, et implique un coût carbone élevé. Une situation bien expliquée par mon collègue Jamal El Arch dans son intervention au dernier Conseil Métropolitain à retrouver bientôt en lien ici.

Un argument donné pour ces déplacements de population est la « mixité sociale », mot valise qu’on entend depuis des décennies. Il est notable que pour assurer celle-ci c’est toujours qu’aux habitants des quartiers populaires de se déplacer et de quitter leur logement bon gré mal gré, et que si des tentatives sont faites pour amener des populations plus « aisées » dans les quartiers, aucun effort n’est effectué par contre pour amener les habitants les plus modestes dans les quartiers du Centre-Ville.

On a parlé de La Grave à Saint Cyprien, on peut conclure en rappelant l’exemple d’un bâtiment situé de l’autre côté de la Garonne, le Quai Saint-Pierre à deux pas de la fameuse place du même nom et du bar bien connu du bouclier de Brennus « Chez Tonton ».

Originellement destiné à accueillir des locaux de l’Institut d’Etude Politique, ce beau bâtiment de 4 500 m² a été vendu sous l’impulsion de M. Moudenc par l’Etablissement Public Foncier Local en 2014. L’heureux acquéreur est alors le groupe immobilier “Thierry Oldak” qui achète le bien pour 4,75 millions d’euros, annonçant vouloir faire une résidence standing pour “seniors”.

Finalement après huit années, on apprend dans un article de La Dépêche que le groupe “Thierry Oldak” a changé de projet pour faire des appartements grands standing réservés à des particuliers. Un projet qu’il est en passe de céder à une autre société immobilière, la Cogedim, pour 11 millions d’euros23.

Pendant 8 années ce bâtiment est donc resté vide dans notre ville alors que le nombre de sans-abris ne cesse d’augmenter. 8 années durant lesquelles, à son échelle, la vacance de ce bâtiment a participé de la rareté du logement et donc à l’augmentation des prix. Un bien public livré à un promoteur qui a réalisé une spéculation de 6 millions d’euros en le laissant vide…

Ce bien aurait pu être utilisé justement pour faire du logement social en centre-ville, où il y en a de moins en moins, afin de participer aussi à la mixité sociale.

Un affaire symptomatique des limites de la politique de l’offre et du manque d’anticipation et de volonté de Toulouse Métropole d’agir sur les prix des loyers et du foncier.

Les raisons de la galère pour trouver un logement sont là en grande partie. Elles sont évidemment également à chercher dans la politique menée par le gouvernement de M. Macron, cela mériterait un long exposé sur lequel nous essaierons de tabler bientôt..

Dessin: Claire Le Gal

1 Toulouse. PLUIH annulé : une décision “qui piétine la volonté du peuple”, tacle Jean-Luc Moudenc , Actu Toulouse, 20 mai 2021.

2 Coup de tonnerre : le plan local d’urbanisme de Toulouse Métropole va-t-il être annulé par la justice ?, Actu Toulouse, 11 mars 2021.

3 Beauzelle. Nouveau Parc des expositions de Toulouse : bonne nouvelle pour le BTP, La Dépêche, 20 février 2016.

4 Comment Toulouse collectionne les équipements surdimensionnés, Capital, 28/02/2020.

5 Architecture : à Toulouse, un parc des expositions d’une autre époque, Le Monde, 30 Octobre 2020.

6 10 choses apprises aux congrès du transport public et du vélo, à Toulouse, Le Monde, 7 octobre 2021.

7À Toulouse, le nouveau Parc des Expositions est un piège à voitures, La Dépêche, 9 octobre 2021.

8Rapport sur la politique du logement de Toulouse Métropole, DAL 31, 28 janvier 2018.

9 Dans les HLM, une demande croissante de publics de plus en plus précaires, 22 septembre 2021.

10 Douze appartements de grand luxe de 1,6 million d’euros vendus en quelques jours à Toulouse, La Dépêche, 12 novembre 2018.

11 Toulouse : 113 logements sociaux au cœur du quartier Saint-Cyprien, La Dépêche, 1 octobre 2021.

12 La nouvelle vie de l’ancien siège de SFR à Toulouse, 13 novembre 2018.

13L’usufruit locatif social : quels avantages pour la défiscalisation immobilière ?, Chasseur d’Immo, 24 mai 2016.



14Toulouse : les loyers ont augmenté de 12 % depuis 2017, les colocations à la hausse, La Dépêche, 12 Octobre 2020.

15Toulouse : le logement étudiant à la hausse, La Dépêche, 25 juin 2021

16Encadrement des loyers : la ministre Wargon regrette que des métropoles aient dit non, La Dépêche, 24 novembre 2020

17 Pourquoi Toulouse Métropole a refusé l’encadrement des loyers, La Dépêche, 24 novembre 2020.

18Observatoire des Loyers.org.

19L’encadrement des loyers, ça marche, Alternatives Economiques, 27 janvier 2020

20Rapport de la Rapporteuse spéciale sur le logement convenable en tant qu’élément du droit à un niveau de vie suffisant ainsi que sur le droit à la non-discrimination à cet égard, 24 mars 2017.

21Restaurants clandestins : les dîners presque parfaits du Club TP90, Le Monde, 22 avril 2021

22« Et pourtant elles tournent » : le palmarès du concours Arte, Slate, 24 septembre 2021

23Toulouse : Au Bazacle, tour de passe-passe immobilier sur le quai Saint-Pierre, La Dépêche, 23 novembre 2020

Aller voir la mer

« Un jour en automne la prime de rentrée scolaire qui était versée tous les ans aux familles pour les aider à acheter des fournitures, des cahiers, des cartables, avait été augmentée de presque cent euros. Tu étais fou de joie, tu avais crié dans le salon : « On part à la mer ! » et on était partis à six dans notre voiture de cinq places (…) Toute la journée avait été une fête.

Chez ceux qui ont tout, je n’ai jamais vu de famille aller voir la mer pour fêter une décision politique, parce que pour eux la politique ne change presque rien. (…) les dominants peuvent se plaindre d’un gouvernement de gauche, ils peuvent se plaindre d’un gouvernement de droite, mais un gouvernement ne leur cause jamais de problèmes de digestion, un gouvernement ne leur broie jamais le dos, un gouvernement ne les pousse jamais vers la mer. (…) »1

Ces mots d’Edouard Louis dans son très beau livre « Qui a tué mon père ? » ramènent à l’essence de ce que doit être l’horizon de la « Gauche » au sens large: améliorer la vie des gens, collective et individuelle, sans oublier personne.

Dans sept mois nous aurons justement à choisir quel programme peut le faire pour les cinq prochaines années dans notre pays après que le quinquennat Macron ait été celui de reculs importants, dans la lignée des quinquennats qui se succèdent depuis 2002. Des gouvernements privilégiant les plus riches au détriment des plus pauvres, en s’en remettant à des fables allant du « travailler plus pour gagner plus » à celle du « ruissellement ».

L’Institut Montaigne ne dit d’ailleurs pas autre chose quand il analyse et liste les mesures de la politique fiscale d’Emmanuel Macron : baisse de l’impôt sur les sociétés, flat tax, suppression de l’ISF2… Lorsque M. Macron est arrivé au pouvoir les 500 familles les plus riches de France possédaient 470 milliards d’euros et 9 millions de Français vivaient sous le seuil de pauvreté. Aujourd’hui le patrimoine de ces 500 familles a doublé, et le nombre de pauvres est passé à 12 millions de personnes. Quand Emmanuel Macron donnait un « pognon de dingue » à ceux qui n’en avaient pas besoin, il retirait à coup d’APL et de CSG de quoi tenir les fins de mois à « ceux qui ne sont rien ».

Les mots peuvent voler, les faits sont là.

A l’image de ceux détaillés par le GIEC et l’ONU qui préviennent que la limitation du réchauffement climatique mondial à 1,5 °C est impossible sans une réduction immédiate et massive des émissions de gaz à effet de serre3.

Ces mêmes émissions massives de Gaz à Effet de Serre qui participent à la pollution que nous subissons. Une pollution qui tue 48 000 personnes par an dans notre pays4. A Toulouse où je vis, ce sont les habitants des quartiers populaires du Mirail qui sont parmi les plus touchés par la pollution atmosphérique, coincés entre le périphérique et les autoroutes aériennes5. Les inégalités sont aussi environnementales. Notre espèce, et plus largement le vivant sont en péril, 32 % des oiseaux nicheurs sont menacés de disparition en France métropolitaine. Leurs chants qui s’éteignent ne sont pas dérisoires, la sixième extinction de masse sera bientôt une réalité dans notre pays .

Malgré les alertes et les constats cinglants, M. Macron a refusé de s’attaquer aux causes structurelles ravageant le vivant : l’agriculture industrielle et l’urbanisation galopante notamment. Son inaction sur ces sujets est aussi éloquente que la porte claquée par Nicolas Hulot au début de son mandat. La dernière Bérézina en date ayant été l’envoi aux oubliettes des préconisations les plus fondamentales de la Convention Citoyenne pour le Climat, syndrome de la crise démocratique que nous traversons.

Une décision participant à la défiance vis à vis du Politique. Les récentes échéances électorales ont d’ailleurs montré une nouvelle fois la désaffection vis à vis de nos institutions d’une grande partie de la population remettant en cause leur légitimité. Il faut donc une remise à plat qui inclut tous les habitant.e.s de la France dans les processus de prise de décision.

Le programme de l’Avenir en commun apporte des propositions détaillées, précises et chiffrées sur les questions sociales, écologiques et démocratique : loi d’Urgence Sociale, Planification Ecologique, VIème République. L’Union Populaire est la seule force politique pouvant à cette heure présenter un programme aussi abouti et clair, ce qui a été déterminant dans mon choix de m’y engager.

Car c’est bien cela qu’il faut regarder et ne pas s’éterniser sur les querelles du champ politique de la “Gauche” autour de ses nombreux nombrils. Si on s’arrête à ce paysage alors oui il y a de quoi baisser les bras, mais on peut penser qu’au regard de la crise démocratique la clef est ailleurs. Chez celles et ceux qui ont déserté le vote, par fatigue, déception des promesses non tenues, lassitude de voir toujours la même politique menée que les gouvernants se disant de droite ou de gauche, ou du « en même temps ».

Pour cela Jean-Luc Mélenchon est le candidat le plus à même de réussir à avoir une audience que d’autres n’ont pas. Alors oui j’entends déjà : « Mélenchon est clivant », c’est pas faux comme dirait Perceval dans Kaamelot, mais ça dépend où et dans quelles catégories sociales, et surtout qui peut aujourd’hui peut citer un.e candidat.e à la présidentielle qui ne l’est pas ?

« Mélenchon parle fort » C’est vrai aussi parfois, mais Jean-Luc Mélenchon comme d’autres personnes que j’ai bien connu dans les luttes me rappelle cette phrase de Lydie Salvayre parlant de sa mère dans son livre « Pas Pleurer »: «Ma mère était une mauvaise pauvre. Une mauvaise pauvre, est une pauvre qui ouvre sa gueule ».

Jean-Luc Mélenchon est député, il est installé dans la vie, il est à l’abri du besoin. Mais ce n’est pas là d’où il vient, et cet endroit d’où il vient il ne l’a en vérité jamais quitté. Notamment dans ses manières d’être qui heurtent les codes feutrés de la bourgeoisie qui sous ses faux airs polie, courtoise, raisonnable, est d’une violence inouïe quand il s’agit de défendre ses intérêts contre ceux de l’intérêt général.

Jean-Luc Mélenchon, qu’on l’apprécie ou non, a remis la gauche sur ses deux pieds quand elle tanguait, a créé un nouveau logiciel de pensée liant écologie et justice sociale, a une capacité à transmettre des idées sans pareil sur la scène politique, et a su mettre en avant une nouvelle génération de députés et d’euro-députés alors que nombre d’entre elles et eux n’y étaient pas pré-destinés.

Jean-Luc Mélenchon est surtout constant dans son engagement aux côtés de « cette catégorie d’humains à qui la politique réserve une mort précoce » comme l’écrivait Edouard Louis.

La politique détermine les corps, ceux qui sont victimes de discriminations, ceux qui souffrent de maladies respiratoires liées à la pollution, ceux brisés par le travail, ceux qui ont faim à la fin de la journée.

La politique c’est du bien commun, via des services publics de qualité. Celui de la santé dont la crise sanitaire a révélé comme jamais l’importance et l’importance de le doter des moyens humains qu’il mérite. Celui de l’école publique, malmenée comme jamais par M.Blanquer à l’heure où il faut au contraire faire de notre jeunesse une priorité.

La politique c’est aussi du temps. Elle enlève ou donne du temps de vie: en France les ouvrier.e.s vivent en moyenne 6 ans de moins que les cadres. Ce temps après lequel nous courrons. Le temps pour soi, pour les siens, pour les autres. Ce temps que l’Avenir en Commun propose de reconquérir : 32 heures de travail par semaine, retraite à 60 ans avec des pensions au minimum égales au SMIC.

La politique enfin prive ou donne de quoi vivre dignement. Mettre justement le SMIC à 1400 euros net dans un premier temps parce que comme dirait le rappeur SCH « se lever pour 1200 euros c’est insultant » . Ce dernier expliquait d’ailleurs ainsi ses mots : « Les gens qui se lèvent pour 1200, c’est eux les vrais héros. (…) Je l’ai fait moi porter des palettes à 5h du matin à 0° sur un Fenwick (…). Je l’ai fait et sur la vie de ma mère, c’est dur. De savoir qu’il y a encore des gens de 50-60 ans qui font ça et des petit.e.s jeunes qui vont faire ça toute leur vie, ça me révolte. Je me range de leur côté”.6

La politique c’est choisir un côté, celui qui permet à celles et ceux qui n’y vont que rarement de plus souvent aller voir la mer.

L’avenir en commun c’est permettre à nos corps de se tenir droits et de mieux respirer. C’est nous donner du temps pour vivre mieux, ensemble.

1 Edouard Louis, Qui a tué mon père ?

2 Libération : Macron « président des riches » : même l’Institut Montaigne s’y met… » 10/08/2021

3 France Info : Climat : limiter le réchauffement à 1,5 °C est impossible sans mesures radicales immédiates, prévient l’ONU, 16/09/2021.

4Le Monde : Avec 48 000 morts par an en France, la pollution de l’air tue plus que l’alcool, 27/09/2019.

5 Médiacités : Quartiers populaires : les inégalités sont aussi environnementales, 20/02/2018

6 Gentsu : Sch explique pourquoi « se lever pour 1200€ c’est insultant » !. 29/03/2016

Pour un plan ambitieux de toilettes publiques à Toulouse

Le 2 février dernier un journal local nous racontait la mésaventure arrivée à Claudia dans des toilettes publiques de Toulouse. « Je suis un peu malade, je me suis rendue au Jardin des Plantes pour effectuer mon premier test PCR que je ne voulais pas faire. J’ai vu le panneau affiché sur les sanisettes sur lequel il est écrit uriner dans la rue c’est 150 euros d’amende, ici c’est gratuit. Je suis donc entrée »  

Une fois à l’intérieur, Claudia se rend compte que les toilettes sont sales et fait demi-tour. Avant même de pouvoir sortir, la porte se ferme. « J’ai voulu l’ouvrir, elle est restée bloquée », poursuit Claudia. Le nettoyage des toilettes s’enclenche. Des puissants jets d’eau aspergent la Toulousaine pendant cinq longues minutes.«C’était vraiment angoissant. Je me suis sentie prise au piège. J’ai essayé de me mettre sur les WC mais ils se sont rabattus. C’était un cauchemar ». 

Après son calvaire, trempée et en colère, elle décide d’appeler l’entreprise qui gère les toilettes publiques de la Ville rose, JCDecaux. « Je suis architecte, je connais le mobilier urbain. Ce genre de problème ne doit pas arriver. Au téléphone, un employé me signale que ce n’est pas la première fois que ça arrive dans ces toilettes. Ce n’est pas normal. Si c’était une personne âgée qui avait été prise au piège, elle aurait pu sérieusement glisser et se blesser », grogne Claudia avant d’ajouter: « Si demain je suis davantage malade, je les tiendrai pour responsable ». 

Au delà de ce témoignage, la question des toilettes publiques est éminemment politique cela pour plusieurs raisons :

Un outil de santé publique indispensable dans nos rues, nos transports, nos écoles.

Si le problème des toilettes publiques se pose de manière accrue dans les pays pauvres, Bill Gates en ayant fait d’ailleurs un enjeu majeur de sa fondation, en France c’est un véritable sujet également.

Ainsi l’accès aux toilettes dans les espaces publics et les transports est aujourd’hui encore une préoccupation majeure pour la population, en particulier les personnes âgées, les travailleurs (routiers, chauffeurs VTC, livreurs, commerçants ambulants, etc.), les sans-abris, les femmes enceintes et les familles, mais aussi des personnes touchées par certaines pathologies chroniques.  

Selon une enquête internationale « Hygiene Matters », réalisée par SCA en 2017, plus d’un tiers des Français jugeaient qu’améliorer l’entretien des toilettes publiques aurait un impact sur la santé à l’échelle nationale et 56 % disaient souhaiter que les politiques s’en préoccupent davantage. 

Pour toutes les personnes prioritaires, les sorties du quotidien et la vie sociale peuvent très vite devenir des sources de stress et d’anxiété, particulièrement si l’accès aux toilettes dans les espaces publics et les transports n’est pas assuré. La crise de la Covid-19 a accentué cette difficulté du quotidien avec une hausse de fréquentation de 17% en un an, avec des sanisettes fermées pendant le confinement (espaces publics, commerces, transports, etc.), et dont la réouverture reste encore très partielle.  

La question des toilettes à l’école, en particulier à l’école primaire est un vrai sujet de santé publique, qui mobilise depuis des années les associations de parents : saleté, vétusté ou dysfonctionnement des équipements, manque d’hygiène, manque d’intimité et de tranquillité… 66 % des enfants affirment ainsi ne pas utiliser les toilettes à l’école selon l’étude « Toilettes à l′école : les enfants au bout du rouleau » 2018 – Essity).

Très tôt le tabou s’installe, le sujet étant peu évoqué par les parents, et des stratégies d’évitement sont mises en place par les enfants. Une situation aux multiples impacts : douleurs, infections urinaires, constipation, gastro-entérite… Perturbations psychologiques (peur d’être enfermé par ses camarades dans les toilettes par exemple), problèmes de concentration et impacts sur les résultats scolaires.  

A Toulouse une politique symptomatique de l’infantilisation des habitants et soumise aux intérêts privés.

A Toulouse nous comptons 67 toilettes publiques parfois mal réparties sur le territoire avec des secteurs et quartiers qui en sont démunis comme la Cartoucherie, Les Izards, Lalande, Sept Deniers, Casselardit, Purpan. 

Il y a donc une toilette publique pour 7 158 habitants, contre une toilette pour 2 220 habitants à Lyon, grande ville la plus avancée sur le sujet. Toutes nos sanisettes sont gérées par JC Decaux contre seulement le quart des sanitaires lyonnaises. Toulouse en déléguant totalement la gestion des toilettes à une société privée fait ici une mauvaise affaire financière. Quand ce n’est pas Vinci qui profite des profits des parkings, c’est JC Decaux qui fait des bénéfices importants sur les toilettes.

Ainsi à Toulouse, la mairie dépense près de 1,5 million d’euros par an pour ses 67 toilettes, gérés intégralement par JC Decaux. Cela équivaut à un coût annuel de 22 388 euros par an pour chaque toilette contre un coût de 12 345 euros à Lyon. Un différentiel de près de 10 000 euros donc pour chaque toilette publique, rapporté aux 67 toilettes publiques, ce différentiel s’élève à pas moins de 670 000 euros.

Une gestion symptomatique de la délégation des services publiques et ici de leurs profits à certaines grandes entreprises à rebours de l’intérêt commun. Mais ce qui est aussi assez révélateur c’est ce que relève Claudia «  J’ai vu le panneau affiché sur les sanisettes sur lequel il est écrit uriner dans la rue c’est 150 euros d’amende ». Pour être tout à fait juste l’amende annoncée n’est pas de 150 mais de 450 euros. Cette menace associée aux plaques de taule installées par la mairie sur le principe de « l’arroseur arrosé » n’ont d’ailleurs quasiment aucun effet pour dissuader les gens d’uriner dans la rue par manque de toilettes publiques.

Cela est assez révélateur du rapport aux habitants d’une partie de la majorité municipale. Alors que les habitants ne bénéficient pas de suffisamment de sanisettes accessibles, la politique publique est finalement la menace et la répression. Ce panneau sur les toilettes pourrait être utilisé pour mettre une carte indiquant toutes les sanisettes publiques existantes dans la ville, ou pour faire passer des messages de santé publique. Au contraire c’est un message de menace pour celles et ceux qui ne peuvent pas avoir accès aux toilettes publiques car indisponibles pour diverses raisons.

Derrières les toilettes publiques un modèle écologique et social à développer.

En attendant que comme le suggère le sociologue Julien Damon soient mis en place des quotas au niveau national voici plusieurs propositions que nous soumettons un véritable plan d’action concernant les toilettes publiques à Toulouse afin que notre ville soit exemplaire sur ce sujet de santé publique majeur .

Cela passe notamment par l’objectif d’une toilette publique pour 2 000 habitants, soit 170 toilettes publiques gratuites supplémentaires d’ici 2026. Si une dizaine d’uritrottoirs ont récemment été acquis par la Métropole, il faut aller beaucoup plus loin.

Afin d’atteindre cet objectif nous préconisions de lancer des appels d’offre pour des toilettes écologiques autonomes ou fonctionnant au lombri-compostage et plus adaptés aux usages féminins jusqu’ici souvent laissés de côté.

Ainsi d’après les informations que nous avons recueillies si le coût d’installation de ces toilettes (environ 30 000 euros) est supérieur à ceux proposés par JC Decaux (entre 10 000 et 20 000 euros), leur coût de gestion annuelle est largement inférieur : 520 euros/ an contre 20 000 euros par an pour JC Decaux (sans compter les fluides !). Ainsi si l’on calcule le coût de revient d’une toilette publique sur 10 ans, acquisition et entretien annuel compris, cela reviendrait à 3 520 euros/ an contre… 21 500 euros pour un toilette JC Decaux. Un différentiel de 17 960 euros qui permettrait de financer un emploi au Smic par an ( 18 996 euros).

Car c’est l’un des autres leviers que nous souhaiterions voir advenir : mettre en place un personnel municipal dédié aux toilettes publiques, que cela soit pour assurer la bonne tenue de ceux-ci, expliquer le fonctionnement des toilettes écologiques si nécessaires, donner des conseils sanitaires. Une présence humaine peut avoir un rôle de sentinelle, ou même d’apaisement des conflits. C’est aussi un outil de sûreté publique et de diminution des incivilités.  Cette présence humaine pourrait aussi avoir un effet rassurant pour les femmes utilisant ces équipements, plus méfiantes à leur encontre, comme le montrent les sondages disponibles.  

Ces agents pourraient être aussi acteurs d’une campagne de sensibilisation sur les toilettes à l’école et ses enjeux sanitaires et éducatifs. Une attention particulière doit en effet être apporté aux enfants malades et porteurs d’un handicap et nous demandons que la question des toilettes soit intégrée au projet d’accueil individualisé (PAI) pour les enfants qui en bénéficient, et dans la mise en place en cours de l’école inclusive. L’aménagement en concertation avec les personnels et les parents d’élèves pour améliorer l’usage des toilettes à l’école.

De même ils seront acteurs d’un plan stratégique de localisation des toilettes publiques, notamment sur les réseaux de transports en commun à intervalle régulier. Il est aberrant de placer une sanisette sur une place publique. Du fait du tabou qui entoure les toilettes, il faut privilégier des lieux plus abrités des regards, avec un sas d’entrée. 

En attendant la mise en place de ce service public et des toilettes publiques écologiques, voici des initiatives qui pourraient être prises à la réouverture des commerces et restaurants : une initiative “cafés citoyens au quotidien” comme dans la Métropole de Nantes, avec ce label qui regroupe 18 bars acceptant de laisser les passants utiliser leurs lieux d’aisance gratuitement.